(Ottawa) François Legault ne sera pas le seul à vacciner, avec une première dose, toute la population de sa province avant le 24 juin, d’après le responsable fédéral de la distribution des vaccins au pays.

Depuis qu’Ottawa a conclu des contrats d’achat de millions de vaccins, le premier ministre Justin Trudeau promet que tous les Canadiens pourront être vaccinés d’ici la fin septembre.

Lors d’une séance d’information, jeudi matin, le major général Dany Fortin n’a pas voulu devancer cette date où deux doses de vaccins auront été administrées à tous les adultes canadiens qui acceptent de se faire vacciner.

Il était beaucoup moins hésitant pour ce qui est d’une première dose administrée avant la fête nationale du Québec, et ce, partout au Canada.

« Tout indique que si le calendrier de livraison n’est pas perturbé — et il n’y a aucun signe à cet effet — […], d’ici la fin du prochain trimestre, on va avoir reçu des quantités assez impressionnantes de vaccins. Ce qui permettrait aux provinces d’avoir en leur possession suffisamment de vaccins (pour une première dose) », a déclaré M. Fortin.

Cet hiver, les retards de Pfizer-BioNTech et de Moderna ont donné bien des maux de tête à Ottawa.

M. Fortin est tout de même prêt à confirmer que l’engagement pris par M. Legault, pour une première dose, sera atteint.

« Je n’ai pas de chiffres garantis d’ici fin juin, par juridiction. Ce que j’ai, ce sont des projections », a-t-il admis.

« Je crois qu’on est vraiment sur la bonne voie. Et les distributions au prorata au niveau national nous indiquent certainement que le Québec sera en bonne voie de recevoir des quantités suffisantes pour administrer tel qu’indiqué par le premier ministre du Québec », a-t-il assuré.

Un prêt américain

Pendant que les livraisons au Canada de Pfizer-BioNTech, de Moderna et de l’AstraZeneca produit en Inde continuent bon train, Ottawa n’a pas encore de calendrier de livraison pour le vaccin Johnson & Johnson, manufacturé aux États-Unis, ni pour les millions de doses d’AstraZeneca attendues des usines américaines.

À la séance d’information, la porte-parole du ministère des Services publics et de l’Approvisionnement s’est bornée à répéter que des calendriers de livraison pour ces deux produits sont à venir « sous peu » ou « dans quelques semaines ».

On a appris, quelques heures plus tard, que l’administration américaine est en train de mettre au point un plan pour « prêter » des doses d’AstraZeneca au Canada et au Mexique.

Les détails de pareille transaction qui offrirait 1,5 million de doses au Canada et 2,5 millions au Mexique, ne sont pas « finalisés », a précisé Jen Psaki, porte-parole du président américain.

Les autorités sanitaires américaines n’ont pas encore approuvé l’utilisation d’AstraZeneca aux États-Unis. Washington aurait sous la main 7 millions de doses de ce vaccin.

« Nous examinons la possibilité de prêter des doses », a dit Mme Psaki, en insistant sur l’importance de freiner l’épidémie dans d’autres pays.

Le Mexique et le Canada pourraient éventuellement rembourser le prêt en transférant aux États-Unis des doses d’AstraZeneca, si les Américains approuvent le produit, ou d’un autre vaccin.

Les risques d’AstraZeneca

Pendant ce temps, l’Agence européenne des médicaments (AEM) a tenté de calmer les craintes face au vaccin AstraZeneca dont l’utilisation a été suspendue dans plusieurs pays.

Après examen des faits, l’AEM estime que ce vaccin n’est pas lié à une augmentation du risque de thrombose. Et elle juge que les avantages de son utilisation l’emportent sur les risques.

Des pays européens dont l’Allemagne et la France ont donc annoncé qu’ils recommencent à utiliser ce vaccin.

Au Canada, les autorités de santé publique ont publié un communiqué jeudi soir dans lequel ils indiquent que « Santé Canada a évalué les données accessibles sur les cas signalés, et a établi que le vaccin d’AstraZeneca contre la COVID-19 n’est pas associé au risque général de caillots de sang ».

En outre, l’agence réitère qu’elle « confirme que les avantages du vaccin d’AstraZeneca visant à protéger les Canadiens contre la COVID-19 continuent de l’emporter sur les risques ».

Le ministre québécois de la Santé, Christian Dubé, quelques minutes après avoir été vacciné par une dose d’AstraZeneca, a repris cette profession de foi.

« Moi, je me fie à la science et je me fie aux recommandations qu’on a, et au leadership de notre santé publique qui […] jusqu’à maintenant, je trouve, a fait un excellent boulot », a-t-il dit.