(Ottawa) La COVID-19 a amplifié les effets de la discrimination systémique contre les femmes autochtones au Canada, a soutenu la ministre des Relations Couronne-Autochtones, Carolyn Bennett, lors d’un sommet virtuel organisé par le gouvernement fédéral pour discuter d’une réponse féministe à la pandémie.

Mme Bennett a déclaré que l’héritage colonial du Canada avait contribué à affecter les femmes autochtones.

Cela s’est traduit par plus de mises à pied, un manque de garderies et une augmentation de la violence familiale, a-t-elle décrit.

« Nous savons que l’égalité ne peut être obtenue seulement en s’assurant que tout le monde ait les mêmes chances », a-t-elle déclaré.

« Nous parlons d’écarts de revenu entre les hommes et les femmes, mais ces écarts existent également parmi les différentes populations de femmes. C’est pourquoi tout plan de reprise économique pour les femmes doit tenir compte de différentes facettes et perspectives au Canada. »

Odelle Pike, présidente du Newfoundland Aboriginal Women’s Network, affirme que le fait de devoir rester isolées et séparées des familles élargies a affecté la santé physique, mentale et spirituelle des femmes autochtones.

Elle a ajouté que les ressources pour faire face aux problèmes de santé mentale sont limitées, car de nombreuses communautés autochtones sont petites et éloignées.

« Nous utilisons beaucoup de nos méthodes traditionnelles de guérison, comme les cercles de partage, les cercles de discussion, les cercles de guérison et les cercles de soutien », a-t-elle déclaré.

Mme Pike a indiqué que la violence contre les femmes, en particulier la violence conjugale, a augmenté depuis la pandémie d’environ 60 %, et que de nombreuses femmes ne se sentent pas à l’aise de dénoncer une agression physique à la Gendarmerie royale du Canada (GRC).

« Nous avons environ 80 % d’Autochtones dans notre région. […] Nous n’avons pas de refuge pour les femmes. Notre refuge le plus proche est à trois heures de route », a-t-elle dit.

« Nous avons eu des femmes qui refusaient d’aller dans les grands centres pour le traitement du cancer parce qu’elles n’avaient pas d’argent pour le loyer ou le transport. »

La ministre Bennett a affirmé que le gouvernement travaillait sur un plan pour remédier à l’écart de rémunération entre les sexes qui contribue à la pauvreté et aux problèmes de santé des femmes.

« Nous voulons voir un rétablissement véritablement intersectionnel pour les femmes autochtones de ce pays », a-t-elle poursuivi.

L’ancienne dirigeante d’Indspire, le plus grand organisme de bienfaisance dirigé par des Autochtones au Canada, estime que les engagements du gouvernement sont bons, mais qu’une action réelle est nécessaire.

« Je vais examiner attentivement le mandat pour voir où sont les points d’action et d’intervention », a déclaré Roberta Jamieson lors du sommet virtuel.

« Quand allons-nous livrer en temps opportun ? »

Elle a souligné que même si le gouvernement avait promis en 2015 que tous les avis à long terme concernant l’eau potable des communautés autochtones seraient levés d’ici la fin de ce mois-ci, au moins 40 communautés autochtones n’ont toujours pas d’eau potable.