(Montréal et Québec) Les Montréalais ont fait preuve de patience, lundi, alors que la campagne de vaccination massive qui commençait dans la métropole a été le théâtre de longues files d’attente. Au même moment, la baisse des infections liées à la COVID-19 s’est poursuivie au Québec, la province ayant recensé 613 nouveaux cas en ce début de semaine de relâche scolaire. Le bilan des morts s’est alourdi de six décès.

Installé sur une chaise trouvée au coin d’un hall au Carré Décarie, Abe Kaufman, 97 ans, est arrivé une vingtaine de minutes avant son rendez-vous, impatient d’être vacciné. Au premier jour de rodage, le délai d’attente pouvait atteindre deux heures, lundi matin, provoquant impatience et fébrilité chez ceux qui étaient en file.

« Au moins, j’aurai le vaccin ! Mais bon, je commence déjà à avoir mal aux genoux… Je suis venu un peu à l’avance parce que je ne veux pas manquer mon rendez-vous et qu’on m’oublie », a affirmé M. Kaufman à La Presse, tout sourire.

Si la vaccination s’accélère, alors que les citoyens de 70 ans et plus à Montréal et à Laval peuvent désormais prendre rendez-vous, le combat contre le coronavirus n’est pas terminé. Lundi, le nombre de Québécois hospitalisés en raison de la COVID-19 a encore connu une légère augmentation, de 11, pour s’établir à 612, alors que 5 nouvelles personnes se sont ajoutées au bilan des soins intensifs, pour un total de 122.

  • PHOTO PATRICK SANFAÇON, LA PRESSE

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Le Québec a réalisé 17 456 prélèvements pour établir ce nouveau bilan quotidien. Sur le plan de la vaccination, 6308 doses supplémentaires ont été administrées, ce qui porte le bilan à 438 815 doses administrées à ce jour.

En date du 1er mars, l’Institut national de santé publique du Québec (INSPQ) recense toujours 137 cas confirmés de personnes infectées par un variant de la COVID-19, une statistique qui n’a pas évolué depuis le bilan publié dimanche.

Bruit, foule et attente

À Montréal, le couloir bruyant du Carré Décarie accueillait lundi les citoyens de 80 ans et plus ayant pris rendez-vous au préalable. La plupart étaient accompagnés, mais certains sont venus seuls. Ils regardaient la file interminable, l’air désorienté, déstabilisés par le processus, le bruit, la foule et l’attente.

Le Carré Décarie, centre commercial situé sur le boulevard éponyme, est le plus gros centre de vaccination sur le territoire du CIUSSS du Centre-Ouest-de-l’Île-de-Montréal. On prévoit l’ouverture de deux autres sites à la mi-mars.

On demande aux gens de se présenter seulement 10 minutes avant leur rendez-vous. Sinon, on crée de l’achalandage inutile. Ça ne sert à rien d’attendre en file.

Francine Dupuis, présidente-directrice générale adjointe du CIUSSS du Centre-Ouest-de-l’Île-de-Montréal

Cette première journée n’est « pas tout à fait au point », a-t-elle admis, citant « quelques accrocs sur le plan informatique ». Mais ceux qui sont arrivés sur place avec un air grognon, surpris d’attendre si longtemps, sont repartis avec le sourire.

L’espoir d’une vie normale

Harry Bakowitz était soulagé d’obtenir sa première dose. « Enfin un premier pas vers une vie normale », a-t-il dit, les yeux humides et pleins d’espoir. L’homme de 85 ans avait rendez-vous à 9 h 30, mais a patienté jusqu’à 11 h 30 avant de recevoir l’injection.

Maria Santos a attendu plus d’une heure avec ses parents Albino, 91 ans, et Natercia, qui vient de fêter ses 87 ans. « C’était dur pour eux d’attendre, ils se fatiguent très vite. Mais il faut s’y faire, il y a pire que ça dans la vie. Certaines personnes devenaient agressives dans la file. Eux, ils sont contents, c’est leur première sortie depuis mars dernier », a-t-elle confié.

Essoufflée, Linda Holtzman s’est engouffrée dans le centre commercial bondé en cherchant sa tante de 90 ans. Difficile de trouver une place de stationnement près du centre. « Je cherchais, puis je l’ai déposée pour qu’elle ne manque pas son rendez-vous. Je pense qu’elle s’est trompée de file, car je ne la vois pas dans celle réservée à sa plage horaire. »

Pour la retrouver, elle a demandé l’aide de Vincent De Angelis, agent sociocommunautaire du Service de police de la Ville de Montréal. Le policier est l’un des quatre agents chargés de s’assurer de la distanciation et de la sécurité des lieux. À l’extérieur et à l’intérieur, ils aident parfois les personnes plus âgées à descendre les escaliers et à s’orienter.

« On a été appelés pour s’assurer que tout va bien, on comprend le stress des gens. Il y a beaucoup de monde, mais jusqu’à maintenant, tout va bien. Juste d’avoir une présence et de nous voir en uniforme, ça rassure les gens », a expliqué l’agent De Angelis.

Éviter une pénurie d’effectifs

Francine Dupuis, du CIUSSS du Centre-Ouest-de-l’Île-de-Montréal, estime que le nombre de vaccinateurs est suffisant « pour l’instant ». Le manque d’effectifs pourrait toutefois devenir un problème quand tous les centres fonctionneront à plein régime.

Dans l’Ouest-de-l’Île, on recherche activement une centaine de personnes pour s’occuper du roulement, a-t-elle dit aux journalistes.

C’est très complexe, c’est beaucoup de logistique. Il faut les former, ces gens, il faut leur montrer le système informatique ; il faut qu’ils s’approprient ça.

Francine Dupuis, présidente-directrice générale adjointe du CIUSSS du Centre-Ouest-de-l’Île-de-Montréal

Le ministre de la Santé et des Services sociaux, Christian Dubé, a écrit lundi sur Twitter que « la prise des rendez-vous se poursuit partout au Québec », alors que « 200 000 rendez-vous ont été donnés depuis le lancement » de la campagne de vaccination.

« Les groupes d’âge pour la prise de rendez-vous varient d’une région à l’autre. On s’adapte à la situation épidémiologique et au nombre de vaccins. C’est un excellent début pour la vaccination de masse », s’est-il réjoui.