(Calgary) Des défenseurs des droits des sans-abri estiment que ceux-ci devraient recevoir le vaccin contre la COVID-19 en priorité étant donné leur risque de contracter le virus et leur probabilité de tomber gravement malades en cas d’infection.

« Nous donnons le ton moral de la société selon les groupes de gens à qui nous apportons notre soutien et à qui nous accordons la priorité », indique une déclaration publiée mercredi par deux groupes nationaux qui travaillent avec ceux qui vivent dans la rue.

« Il est impératif que nous incluions les plus vulnérables qui peuvent bénéficier le plus de la protection offerte par la vaccination contre la COVID. »

Les groupes citent une recherche publiée dans le journal Open de l’Association médicale canadienne selon laquelle les sans-abri de l’Ontario étaient 20 fois plus susceptibles d’être hospitalisés avec la COVID-19 que le grand public, 10 fois plus susceptibles de se retrouver aux soins intensifs et cinq fois plus susceptibles de mourir dans les 21 jours suivant un diagnostic.

Alors que la vaccination des sans-abri a commencé à Montréal, Toronto et Vancouver, les groupes demandent un effort urgent et cohérent à l’échelle du Canada.

Tim Richter, qui dirige l’Alliance canadienne pour mettre fin à l’itinérance, a déclaré que les refuges et la détérioration de la santé générale étaient des préoccupations depuis le début de la pandémie.

« En plus de tout cela, ils ne peuvent pas suivre les directives de santé publique qui réussissent à protéger les gens. Ils ne peuvent pas rentrer chez eux et s’isoler, et l’hygiène est difficile, et l’accès aux soins de santé est difficile », a-t-il dit.

« La deuxième vague de la pandémie a un impact vraiment grave et préjudiciable sur les personnes sans domicile fixe et les personnes travaillant dans le secteur. »

Le Dr Monty Ghosh, qui copréside le Réseau canadien pour la santé et le logement des personnes en situation d’itinérance, a déclaré que les sans-abri ont des taux plus élevés de maladies cardiovasculaires mal contrôlées, de diabète, d’hypertension artérielle et de maladies pulmonaires chroniques.

« Une des grandes choses qui nous inquiète avec ce groupe de population est qu’il est plus à risque d’avoir de mauvaises conséquences de la COVID en raison de comorbidités sous-jacentes. »

Le Dr Ghosh a déclaré que beaucoup avaient cessé d’utiliser des services tels que les services de santé mentale et de lutte contre la toxicomanie, ou ont même évité les refuges parce qu’ils avaient peur d’attraper la COVID-19.

Il a reconnu qu’il pourrait être difficile de s’assurer que les sans-abri se présentent à deux rendez-vous de vaccination prévus à des semaines d’intervalle.

« Développer une relation de confiance est essentiel », a-t-il déclaré. « Ce ne peut pas nécessairement être la santé publique, en soi, qui intervient et fournit les vaccins, mais plutôt les infirmières, les médecins, les prestataires qui travaillent avec ce groupe sur une base quotidienne régulière — des visages que la population connaît. »

Les travailleurs des refuges ont également besoin de protection, disent les groupes. Le Dr Richter a déclaré que la dotation en personnel était un problème, car les employés souffrent d’épuisement professionnel et craignent de contracter le virus et de le transmettre à leur famille.

« Vous avez un secteur qui n’est pas conçu pour répondre à une urgence de santé publique, mais qui doit répondre à une urgence de santé publique — et qui devient très rapidement débordé en essayant de réagir », a-t-il déclaré.

« Cela se passe dans l’ombre, là où les gens ne regardent pas ou ne font pas attention. Nous sonnons l’alarme pour nous assurer que les autorités de santé publique prêtent attention au problème. »