Plus de deux semaines après que le Canada eut obligé les voyageurs aériens à l’étranger de présenter la preuve d’un test de COVID-19 négatif avant de monter à bord d’un avion, le pays semble toujours être aux prises avec des cas liés aux voyages et le gouvernement fédéral explore des moyens de rendre les déplacements en avion plus difficiles.

Alors que de plus en plus de variants du coronavirus émergent à travers le monde, des experts affirment que le resserrement des voyages devient encore plus important et que les nouvelles exigences de tests ne sont pas susceptibles de détecter tous les cas.

Les projections sur l’évolution de la COVID-19 de Caroline Colijn, mathématicienne et épidémiologiste à l’Université Simon Fraser, montrent une image potentiellement sombre pour les prochains mois, avec une vague qui monte en flèche au printemps, alimentée par la propagation communautaire d’un variant plus contagieux.

Empêcher les voyages est la « principale recommandation » de Caroline Colijn en ce moment.

« Il y a encore de bonnes chances que nous puissions empêcher — ou du moins vraiment retarder — l’arrivée d’un grand nombre de cas liés aux nouveaux variants plus transmissibles », a-t-elle déclaré.

« Et si nous pouvons repousser ce pic jusqu’en septembre, nous pourrons peut-être éviter le pire si la plupart d’entre nous sont vaccinés d’ici là. »

Caroline Colijn est d’avis que les voyages essentiels doivent être plus clairement définis par les dirigeants et que les règles de quarantaine devraient être plus fortement appliquées une fois que les gens arrivent. Des restrictions plus strictes sur les passages frontaliers terrestres et de nouvelles limitations sur les déplacements à l’intérieur du pays seraient également utiles, selon elle.

Alors que le premier ministre Justin Trudeau a déclaré que les Canadiens devraient annuler tous les prochains voyages non essentiels qu’ils auraient pu planifier, le gouvernement envisage également la mise en place d’une quarantaine obligatoire dans les hôtels pour les voyageurs qui sont de retour au pays.

Le test ne suffit pas

Le 7 janvier, le gouvernement a mis en œuvre une exigence selon laquelle les passagers aériens entrant au Canada ou voyageant au pays d’une ville à l’autre doivent présenter une preuve d’un test moléculaire (ou PCR) négatif effectué dans les 72 heures précédant leur vol.

Caroline Colijn et d’autres experts espèrent que cette règle détecte un grand nombre de cas positifs, mais la fenêtre de 72 heures — nécessaire pour s’assurer que les gens aient suffisamment de temps pour obtenir les résultats — donne également au virus plus de chances de se déplacer.

Dans certains cas, de très petites quantités de virus, qui pourraient atteindre des niveaux infectieux quelques jours plus tard, ne sont pas détectées lors des tests. D’autres personnes pourraient contracter le virus entre le test et l’embarquement dans l’avion.

Le docteur Christopher Mody, chef du Département de microbiologie, d’immunologie et des maladies infectieuses à l’Université de Calgary, explique que les tests PCR offrent « un instantané dans le temps », ce qui signifie que le résultat n’est valide que le jour où le test est effectué.

« Un test positif signifie que vous êtes infecté, mais un test négatif n’exclut absolument pas l’infection », a déclaré Christopher Mody.

Une base de données en ligne du gouvernement du Canada qui garde une trace de l’exposition possible sur les vols intérieurs et internationaux démontre que depuis le 7 janvier, des centaines d’avions ont eu au moins un passager à bord qui a reçu un diagnostic positif quelques jours après l’atterrissage, et qui peut avoir été contagieux sur leur vol.

Le docteur Zain Chagla, professeur agrégé de médecine à l’Université McMaster, croit que même si l’exigence du test négatif est susceptible d’aider à grande échelle, certaines personnes infectées passeront par les mailles du filet.

« De toute évidence, ce n’est pas un système parfait, mais il y a aussi un certain nombre de personnes qui n’ont pas pris de vols sur la base de leurs tests », a-t-il déclaré. « Ce n’est tout simplement pas suffisant pour dire que tout le monde qui vient au Canada n’est pas du tout contagieux à la frontière. »

Des tests à l’aéroport ?

Certains experts ont suggéré l’utilisation de tests antigéniques rapides dans les aéroports, soit juste avant l’embarquement, ou juste après l’atterrissage, comme moyen potentiel de s’assurer que les cas positifs ne voyagent pas entre les pays ou les régions.

Le docteur Don Sin, pneumologue et professeur à l’Université de la Colombie-Britannique qui codirige un projet pilote de tests rapides avec WestJet à l’aéroport international de Vancouver, affirme que les tests rapides pourraient offrir une mesure d’assurance — une deuxième étape donc, en plus de l’exigence du test PCR négatif.

Les tests antigéniques rapides, qui donnent des résultats en 15 minutes, ne sont pas aussi sensibles que le prélèvement nasal PCR, indique Don Sin, mais ils fonctionnent très bien pour détecter les cas positifs.

« Si vous avez un résultat positif sur le test antigénique, vous aurez un résultat positif avec un test PCR », a-t-il dit. « Je pense donc que le public peut avoir confiance en la capacité de ces tests à détecter avec précision les personnes infectieuses. »

Les experts croient que les tests ne sont qu’une partie de la stratégie visant à contenir la propagation de nouveaux cas. La période de quarantaine obligatoire de 14 jours, que le Canada continue de mettre en œuvre, doit être suivie correctement.

Le docteur Christopher Mody estime que les gens doivent également comprendre qu’un test négatif effectué quelques jours avant le vol n’est pas un laissez-passer pour passer outre la période d’isolement.

« Nous sommes dans une période très précaire avec ces variants, a déclaré le docteur Mody. S’il y a transmission communautaire des variants, nous serons dans une situation très difficile. »