(Ottawa) C’est maintenant chose faite. Le premier ministre Justin Trudeau s’est entretenu jeudi avec le PDG de Pfizer, le Dr Albert Bourla, au sujet de la distribution des vaccins au Canada.

Cette conversation est survenue alors que les premiers ministres des provinces et les partis d’opposition fédéraux tapent du pied et exigent des réponses à propos des retards de distribution de Pfizer dans les prochaines semaines.

« Il m’a assuré que nous recevrons 4 millions de doses d’ici la fin mars. Nous continuerons de travailler pour faire en sorte que les Canadiens reçoivent le vaccin au plus tôt », pouvait-on lire sur le fil Twitter de M. Trudeau, relatant sa rencontre avec le grand patron de Pfizer.

Plus tôt en journée, lors d’une séance de breffage technique aux médias, c’est le major général Dany Fortin qui s’est une fois de plus fait le messager des mauvaises nouvelles de la compagnie pharmaceutique.

Le Canada a reçu 82 % des doses prévues cette semaine. Il n’y aura pas de livraison de Pfizer la semaine prochaine. Puis, la première semaine de février, le Canada ne recevra que 79 000 vaccins de Pfizer, une fraction des doses prévues.

« Effectivement, c’est une coupure assez sévère par rapport au nombre attendu de 367 000 initialement. On peut s’attendre à avoir une augmentation la semaine suivante qui va compenser, […] mais on ne le sait pas », a indiqué le major général en charge de la distribution des vaccins.

Pfizer avait averti le Canada, la semaine dernière, que ses livraisons allaient être retardées pour quatre semaines en raison de l’agrandissement de son usine de production en Belgique.

La baisse prévue des doses, en moyenne, devait être de 50 % pour cette période.

M. Fortin dit toujours ne pas savoir combien de doses sont à prévoir pour la deuxième semaine de février, mais prévoit que l’objectif de Pfizer du premier trimestre sera respecté. Il prévoit également « une augmentation rapide des livraisons après cette interruption actuelle de l’approvisionnement ».

Les délais de livraisons de Pfizer ont causé la grogne dans les provinces, forcées de revoir leurs plans de vaccination à la baisse. Les premiers ministres des provinces en ont discuté lors de leur rencontre fédérale-provinciale hebdomadaire avec Justin Trudeau jeudi soir.

« Nous, on n’a pas vu les contrats. On ne sait pas s’il y a des pénalités. Est-ce que c’est possible de poursuivre Pfizer ? Est-ce que c’est possible de forcer Pfizer à livrer des usines aux États-Unis ? Ça va faire partie des questions qu’on va poser à M. Trudeau », disait le premier ministre du Québec, François Legault, plus tôt en journée.

Le premier ministre de l’Ontario, Doug Ford, s’est dit même prêt à conduire jusqu’à l’usine de Pfizer à Kalamazoo, au Michigan, pour aller chercher des doses de vaccins s’il le faut. Il a promis de ne pas lâcher le morceau jusqu’à ce que l’Ontario reçoive les doses qui lui sont dues.

« Je vais leur tomber dessus comme un gorille de 800 livres jusqu’à ce qu’ils livrent nos vaccins. C’est inacceptable, ce qu’ils ont fait », a balancé M. Ford, jeudi, à propos des dirigeants de Pfizer.

M. Ford a appelé le PDG de Pfizer Canada pour s’en plaindre, plus tôt cette semaine. Puis, jeudi, le chef du Parti conservateur du Canada, Erin O’Toole, s’est targué d’avoir fait de même. Il demandait à M. Trudeau de prendre le téléphone et de l’imiter.