(Montréal) La pandémie a provoqué une hausse du stress et de l’anxiété chez les femmes qui ont accouché au cours des derniers mois, selon le rapport produit par des organismes communautaires qui apportent leur soutien aux femmes durant leur grossesse.

En effet, 38,6 % des personnes femmes sondées par l’entremise d’un questionnaire en ligne ont affirmé avoir subi beaucoup de stress ou d’anxiété quant à leur accouchement en temps de pandémie. Un pourcentage presque identique de femmes, soit 37,1 % des répondantes, ont indiqué avoir ressenti un stress « modéré ». À titre de comparaison, seulement 10 % des répondantes ont affirmé que le contexte sanitaire n’a pas eu d’impact sur leur anxiété à l’approche de leur accouchement.

Le sondage a été réalisé en ligne auprès de 267 personnes entre le 5 mai et le 10 août. Le questionnaire a été mis en place conjointement par le Regroupement Naissances Respectées (RNR), le Groupe pour le Mouvement pour l’Autonomie dans la maternité et pour l’accouchement naturel (Groupe MAMAN) et l’Association québécoise des accompagnantes à la naissance (AQAN).

« Nous avons mis en place le questionnaire parce que les échos du terrain étaient vraiment problématiques », a expliqué la directrice de projet et des communications du Regroupement Naissances Respectées, Sophie Mederi.

En plus du stress causé par le contexte sanitaire, de nombreuses femmes ont été privées de ressources d’accompagnement pendant leur accouchement. Avant la pandémie, près d’une femme sur trois ayant répondu au sondage souhaitait qu’une doula — une personne accompagnatrice formée pour soutenir la femme tout au long de sa grossesse et de son accouchement — soit présente lors de l’accouchement. Cependant, le rapport du sondage affirme que 23 % d’entre elles se sont vu refuser la présence de leur doula durant la pandémie.

Un constat difficile à faire pour Mme Mederi, « puisqu’il a été prouvé que la présence d’une accompagnatrice réduit le taux d’interventions comme les césariennes, les inductions et les péridurales », a-t-elle souligné.

Selon les organismes, 67 % des femmes qui se sont vu refuser la présence d’une personne accompagnatrice ont affirmé que cette directive a eu un impact sur le déroulement de leur accouchement.

Par ailleurs, si 8 % des femmes avaient prévu accoucher à leur domicile en compagnie d’une sage-femme, seulement 3 % d’entre elles ont obtenu ce privilège ce printemps. Au final, 83 % des femmes qui ont répondu au questionnaire ont accouché à l’hôpital, même si seulement 75 % d’entre elles avaient prévu d’accoucher à cet endroit au début de leur grossesse.

Avec tous ces constats, les organismes à l’origine de ce sondage ont demandé au ministère de la Santé et des Services sociaux de lancer une véritable étude sur l’impact de la pandémie en période périnatale.

« Nous sommes des organismes communautaires, alors pour nous c’est un dossier de plus à gérer, a rappelé Mme Mederi. Nous voudrions qu’une véritable enquête soit lancée, que les cours prénataux soient remis en place et que davantage de moyens soient octroyés pour assurer un soutien psychologique aux femmes qui doivent accoucher dans ce contexte. »

« C’est un peu aberrant qu’en temps de pandémie, alors que les femmes vivent tout ce stress et toute cette anxiété, on coupe les informations et on coupe les services, alors que ce devrait être le contraire », ajoute-t-elle.

Le questionnaire, disponible à l’adresse accoucherenpandemie.ca, est toujours accessible, et les organismes précisent qu’un autre rapport sera produit lorsque davantage de données auront été recueillies.