(Ottawa) Le ministère fédéral de la Santé tâchera de déterminer si les tests de dépistage de la COVID-19 qui sont offerts dans des cliniques privées entrent en contravention avec la Loi canadienne sur la santé.

Cette pratique, qui permet de contourner les longues files d’attente que l’on a vues dans plusieurs provinces, dont en Ontario, a cours partout au pays. Plusieurs cliniques ayant pignon sur rue au Québec offrent le test moyennant un paiement qui est généralement d’environ 200 $.

En conférence de presse à Ottawa, mardi, la ministre Patty Hajdu a dit avoir demandé à ses fonctionnaires de déterminer si elle viole la Loi canadienne sur la santé, dont l’universalité des régimes de soins de santé au pays constitue l’un des piliers.

La ministre n’a pas voulu livrer son opinion sur le dossier, plaidant qu’elle préférait attendre les conclusions de l’examen avant d’en discuter. Elle n’en a pas encore parlé non plus avec ses homologues des provinces et des territoires, préférant là aussi obtenir l’avis de son ministère avant de décrocher son téléphone.

« Il est important que j’aie tous les faits en main avant que je discute de la situation avec les ministres de la Santé du pays. Mais sur le principe, évidemment, nous défendrons un accès équitable au réseau de santé publique », a-t-elle affirmé.

Dans la même veine, Mme Hajdu n’a pas voulu s’avancer sur de possibles sanctions d’Ottawa, qui verse son transfert en santé dans la mesure où les provinces et territoires respectent cinq conditions édictées dans la Loi canadienne sur la santé, dont l’« universalité » et l’« accessibilité ».

« Totalement contraire » à la loi, dénonce le NPD

Pendant la période des questions en Chambre, le chef néo-démocrate Jagmeet Singh a dénoncé la situation. « C’est totalement contraire aux fondements de notre système de santé publique, soit que tous doivent y avoir accès […] et non pas seulement pour ceux qui peuvent payer pour y avoir accès », a-t-il lâché.

Le Bloc québécois n’a pas souhaité commenter, mardi. « Nous allons passer notre tour », a écrit à La Presse un porte-parole de la formation, sans préciser pour quelle raison les bloquistes préféraient s’abstenir d’offrir un son de cloche.

Au Parti conservateur, on plaide que l’on exige « des tests de dépistage rapides et facilement accessibles depuis mars », et qu’il est « désolant de constater que les Canadiens doivent être injustement placés dans ces situations », a déclaré le député Pierre Paul-Hus dans une réaction transmise par le parti.

Rappelons que le chef conservateur Erin O’Toole s’est tourné vers un service de dépistage offert pour les députés fédéraux, à Gatineau. Il s’en est prévalu après que sa famille et lui eurent été refoulés du côté de l’Ontario, des heures après avoir patienté en file.

Il en coûte en moyenne environ 200 $ pour subir le test de dépistage de la COVID-19 dans des cliniques privées au Québec. Certaines proposent des prix de groupe, une offre qui vise en particulier les entreprises qui voudraient procéder à un dépistage massif d’employés.

Le bureau du ministre québécois de la Santé, Christian Dubé, a référé La Presse au ministère, qui n’avait pas encore réagi au moment de publier ces lignes, mardi soir.