(Québec) Le maire de Rimouski aimerait que les organisateurs d’une manifestation nationale antimasque prévue samedi dans sa ville annulent leur évènement. À défaut de quoi il invite la Sûreté du Québec à s’assurer que tous les participants portent un masque.

« J’espère que la population de Rimouski ne sera pas mise à risque par des gens qui ne respectent pas la distanciation physique et pourraient venir de zones rouges », soupire Marc Parent.

La manifestation contre l’état d’urgence sanitaire doit rassembler des antimasques des quatre coins du Québec. Des têtes d’affiche du mouvement, comme Alexis Cossette-Trudel et Stéphane Blais, sont attendues à Rimouski.

Cette manifestation sera la première d’importance depuis le décret de mercredi, par lequel Québec oblige maintenant le port du masque dans les manifestations.

Jeudi, le flou régnait toujours : est-ce que ce règlement s’applique uniquement en zone rouge, ou aussi en zone orange comme à Rimouski ? L’obligation de porter un masque en manifestant s’applique partout au Québec, quel que soit le palier d'alerte a précisé à La Presse le ministère de la Sécurité publique.

SAISIE D’ÉCRAN TIRÉE DE LA PAGE FACEBOOK MARC PARENT, MAIRE DE RIMOUSKI

Marc Parent, maire de Rimouski

Idéalement, les organisateurs annuleront cette manifestation compte tenu du contexte sanitaire. Mais avec les outils qu’elle a, j’ai bon espoir que la SQ va faire ce qu’il faut pour protéger la population.

Marc Parent, maire de Rimouski

Le gouvernement Legault a annoncé mercredi la mise en place de cette règle. Les manifestants qui refusent de porter le masque sont passibles d’une amende de 1000 $, à laquelle des frais d’environ 500 $ s’ajoutent.

« Ce n’est pas rien, là, 1500 $ net. Donc, ça, ça pourrait en décourager certains », a dit au moment de l’annonce la vice-première ministre, Geneviève Guilbault. « On ne peut plus tolérer, comme ça, qu’une minorité d’insouciants compromettent les efforts d’une majorité de gens. »

Le « libre choix »

Sur la page Facebook de l’évènement, des internautes se demandaient s’ils seraient obligés de porter le masque. Plusieurs ont avancé que le décret ne s’appliquait qu’en zone rouge, ce qui est faux.

« Ça aura lieu, 100 % sûr. Pour le masque nous continuons de prôner le libre-choix ! », a simplement écrit l’organisateur, un groupe du nom d’Action coordination.

La Presse n’a pas été en mesure de parler aux organisateurs jeudi.

Un internaute invitait à la désobéissance civile. « Occupe toi pas des amandes ça vas être contester tout les cours municipales vont déborder de contestation et vont abandonner, l’amande est une simple menace et le covid larme des mondialiste.

Stéphane Lafontaine, un internaute, sur la page Facebook de l’évènement

Un porte-parole de la SQ dans l’est du Québec n’a pas voulu dire si les policiers se préparaient à devoir remettre des constats d’infraction en masse samedi.

« La manifestation, c’est un droit constitutionnel protégé par la Charte. D’accord. Mais il y a des conditions », avance le maire de Rimouski.

Marc Parent insiste pour dire qu’il ne craint pas les gens de l’extérieur. Au printemps, il a été l'un des premiers à proposer la réouverture du Bas-Saint-Laurent, dit-il. Mais il craint les complotistes, admet-il.

« Pendant l'été, on a été inondés de voyageurs du Grand Montréal qui étaient extrêmement respectueux des règles de distanciation physique. Les gens de Montréal sont les bienvenus ici, mais pas dans le cadre de ce genre de manifestations là, note le maire. Parce que ces gens ne croient pas à la COVID-19, imaginent un immense complot mondial et ils vont contribuer à la propagation de la COVID-19. »

La région du Bas-Saint-Laurent dénombrait jeudi 69 cas actifs de COVID-19. Il s’agit d’une amélioration marquée depuis la mi-septembre, alors que plusieurs éclosions avaient été répertoriées dans la région. À son pic, le 18 septembre, le Bas-Saint-Laurent dénombrait 119 cas actifs.

Une manifestation contre le port du masque annulée

Une manifestation de militants antimasques, prévue au parc Jarry le 11 octobre, a été annulée, après la décision des autorités municipales de leur refuser l’autorisation de tenir leur évènement. « Des règlements municipaux existent pour nous permettre de faire de la gestion de foule. C’était un évènement qui devait présenter des conférenciers, une messe gospel, avec des tickets qui se vendaient. Il faut un permis pour un évènement comme ça, on ne peut pas aller sur le domaine public et décider de faire un show », a expliqué la mairesse de Montréal, Valérie Plante, en point de presse jeudi matin. Étant donné le passage de Montréal en zone rouge et les nouvelles consignes annoncées par les autorités gouvernementales, il n’était « pas approprié » d’autoriser la tenue d’un tel évènement, a souligné Mme Plante.

— Isabelle Ducas, La Presse