(Paris) L’OMS recommande « l’usage systématique des corticoïdes chez les patients atteints d’une forme sévère ou critique de la COVID-19 », à la lumière d’études montrant que ces médicaments réduisent la mortalité chez ces malades, selon des directives publiées vendredi dans la revue médicale BMJ.

Ce document détaille des recommandations déjà mises en ligne par l’Organisation mondiale de la santé (OMS) sur son site internet mercredi, après la parution d’une série d’études dans la revue médicale américaine Jama montrant l’efficacité de ces médicaments.

« Nous recommandons l’usage systématique des corticoïdes […] pour le traitement de patients avec des formes sévères ou critiques de la COVID-19 », écrit le panel d’experts mandaté par l’OMS.

En revanche, « nous suggérons de ne pas utiliser les corticoïdes dans le traitement des patients qui n’ont pas de forme sévère », poursuivent-ils, en soulignant que cela ne s’applique pas à des patients qui prenaient déjà ces médicaments pour d’autres raisons que la COVID-19.

Les études publiées dans Jama concluent à une réduction moyenne de 21 % de la mortalité au bout de 28 jours pour les patients atteints de forme sévère de COVID-19.

Les corticoïdes sont le seul traitement à avoir montré un effet significatif de réduction de la mortalité chez des malades de la COVID-19.  

Le premier résultat positif avait été annoncé le 16 juin par les chercheurs du vaste essai clinique britannique Recovery au sujet d’un de ces médicaments, la dexaméthasone (les résultats détaillés avaient été publiés le 17 juillet dans la revue américaine New England Journal of Medicine).

Puis, mercredi, ce constat a été appuyé par un ensemble de 7 études portant sur 1703 patients, coordonné par l’OMS et publié dans Jama. Ces résultats ne concernent pas uniquement la dexaméthasone, mais aussi d’autres médicaments de la famille des corticoïdes, comme l’hydrocortisone ou la méthylprednisolone.

Les corticoïdes « ne sont pas chers, sont faciles à administrer et disponibles partout dans le monde », ajoutent les experts mandatés par l’OMS.

Ce type de traitement n’agit pas directement sur le coronavirus mais sur l’inflammation qu’il provoque chez les patients les plus gravement atteints.  

Les corticoïdes sont fréquemment utilisés contre l’asthme, des maladies inflammatoires (comme par exemple la polyarthrite rhumatoïde), pour combattre des maladies auto-immunes ou éviter les rejets après une greffe, car ils diminuent la réponse immunitaire.

Malgré leurs résultats positifs, « des incertitudes demeurent », soulignent les experts mandatés par l’OMS. Parmi elles, « les effets à long terme » de leur usage systématique, ou encore l’impact sur le système immunitaire des patients, avec l’éventuel risque de les exposer à d’autres infections.