Ottawa s’est entendu avec deux autres compagnies étrangères en train de mettre au point un vaccin contre la COVID-19, portant à quatre le nombre de contrats signés par le Canada pour que lui soient fournis, éventuellement, des dizaines de millions de doses de vaccin.

Un cinquième contrat est en cours de négociation.

De passage au Conseil national de recherches de Montréal, lundi matin, le premier ministre Justin Trudeau a annoncé que le Canada vient de conclure des ententes avec les compagnies américaines Novavax et Johnson & Johnson pour l’obtention d’éventuels vaccins.

« Leurs plus récents essais de vaccin ont eu des résultats prometteurs. Si l’un de ces vaccins passe le test, l’entente d’aujourd’hui fera en sorte que les Canadiens vont avoir accès aux doses nécessaires », a déclaré M. Trudeau lors d’une conférence de presse.

Plus tôt ce mois-ci, le gouvernement canadien a annoncé des ententes semblables avec le géant pharmaceutique Pfizer et l’américaine Moderna. Ceux-ci ont commencé les essais cliniques de phase 3 de leurs vaccins candidats fin juillet. Les résultats de ces tests à grande échelle, dernière étape pour vérifier l’efficacité d’un vaccin, sont attendus cet automne.

Santé Canada aura à approuver l’éventuel vaccin avant qu’il ne soit acheté par Ottawa.

« Soyons clairs : aucun vaccin n’est obligatoire […] et ce ne sera pas différent pour le vaccin contre la COVID-19 », a répété la ministre fédérale de la Santé, Patty Hajdu, lors d’un point de presse qui a suivi celui de M. Trudeau.

PHOTO COLE BURSTON, LA PRESSE CANADIENNE

La ministre fédérale de la Santé, Patty Hajdu

La ministre Hajdu est cependant convaincue que les Canadiens seront nombreux à vouloir se faire vacciner pour protéger leurs communautés, d’où la nécessité d’avoir un grand nombre de doses disponibles.

Ainsi, Johnson & Johnson doit fournir jusqu’à 38 millions de doses de son candidat vaccin ; Novavax, jusqu’à 76 millions ; Pfizer, un minimum de 20 millions ; et Moderna jusqu’à 56 millions.

Quand ces doses seront-elles disponibles ? La ministre des Services publics et de l’Approvisionnement, Anita Anand, est demeurée prudente sur le sujet. Elle a indiqué que les premières livraisons sont promises « aussi tôt que le premier trimestre de 2021 ».

Elle a ajouté que le Canada est au stade final des négociations pour conclure une cinquième entente, cette fois-ci avec la compagnie britannique AstraZeneca.

« Lorsqu’un vaccin sera prouvé efficace, on va aussi devoir être en mesure de le fabriquer et de le distribuer ici même au pays », a souligné M. Trudeau.

Le gouvernement fédéral investira donc plus de 126 millions en deux ans pour construire un nouvel établissement de biofabrication au Centre de recherche en thérapeutique en santé humaine à Montréal.

Il est prévu qu’avant la fin de l’été prochain ce centre de recherche produise à Montréal plus de deux millions de doses par mois.

Le contrat avorté

Le Centre de recherche montréalais avait d’abord été lié à une entente avec une compagnie chinoise qui espère développer un vaccin. Ottawa lui accordait 44 millions pour, éventuellement, produire le vaccin de CanSino.

Pour en arriver là, il fallait d’abord que l’entreprise chinoise fournisse des échantillons pour la tenue d’essais cliniques au Canada, à l’Université Dalhousie.

« Évidemment, on a été déçu quand la Chine a décidé de ne pas permettre […] à la recherche d’être exportée vers le Canada », a admis M. Trudeau lundi.

Le premier ministre a dû expliquer pourquoi Ottawa s’est imaginé qu’une entente impliquant la Chine était possible. Les relations entre les deux pays sont au plus mal depuis l’arrestation à Vancouver d’une haute dirigeante de la compagnie Huawei, geste qui a conduit à la détention arbitraire en Chine de deux Canadiens : Michael Kovrig et Michael Spavor.

« Le partenariat CanSino a été très important dans le passé, notamment contre l’Ebola. Et c’était une des pistes qu’on a poursuivies dans notre désir de diversifier toutes les options, pour s’assurer que quand un vaccin sera développé les Canadiens y auraient accès », a dit M. Trudeau.

Le premier ministre a assuré que son gouvernement réussira à mettre la main sur assez de vaccins, sans avoir besoin de CanSino.