(Toronto) Certains Canadiens allant au restaurant devront peut-être s’habituer à fournir certains renseignements personnels avant même de pouvoir consulter le menu.

Les directives pour ces commerces peuvent varier d’une province à l’autre. Mais certaines d’entre elles exigent que le client laisse son nom, son numéro de téléphone ou une adresse de courriel et son numéro de table, afin de faciliter le traçage des personnes affectées par la COVID-19.

Au Québec, le gouvernement a invité les titulaires d’un permis de bar à conserver un tel registre. La firme Lanla a lancé la semaine dernière un site internet pouvant tenir lieu de registre. Des groupes corporatifs ont salué l’initiative.

L’Ontario a annoncé vendredi qu’il exigera des bars et des restaurants qu’ils conservent un registre des clients pendant 30 jours. Celui-ci devra être remis aux autorités si un traçage est nécessaire.

À Toronto, la collecte des informations peut se faire au moment des réservations ou par l’entremise d’un autre système, a déclaré la porte-parole de la Santé publique de la Ville-Reine, Vinita Dubey.

Mme Dubey a rappelé que les bars et restaurants présentent un niveau de risque plus élevé de transmission de la COVID-19.

« Dès que nous prenons connaissance d’un cas de COVID-19, nous agissons pour faire un suivi immédiatement », a mentionné Mme Dubey.

Des directives semblables s’appliquent aux restaurants et aux bars de la Colombie-Britannique.

Les responsables de la santé publique de cette province ont commencé à exiger des restaurants qu’ils recueillent des renseignements personnels auprès des clients lorsqu’ils font des réservations ou au moment de s’asseoir. Les données doivent être conservées pendant un mois.

Depuis sa réouverture, le restaurant Acorn de Vancouver ne prend que des réservations, ce qui facilite la collecte des renseignements personnels des clients.

« Heureusement, nos clients ont été très compréhensifs, raconte la fondatrice de l’établissement Shira Blustein. Certains clients étaient impatients de sortir, alors ils aiment notre plan. »

Selon Gerald Evans, président de la division des maladies infectieuses de l’Université Queen’s à Kingston, la recherche des contacts était effectuée dans les restaurants avant même l’apparition de la COVID-19.

Les responsables de la santé publique ont utilisé des listes de réservation pour contacter les convives en cas d’épidémie d’origine alimentaire, souligne-t-il.

« Ce n’est pas un précédent dans le secteur de la restauration que la santé publique joigne les commerçants et obtienne ce genre d’informations. »

M. Evans reconnaît que l’impossibilité de vérifier si les informations fournies par un client sont correctes est un inconvénient.

« 99 % des clients seront honnêtes, mais que faisons-nous avec le 1 % restant ? »

Si les informations erronées deviennent un problème, les gouvernements pourraient devoir intervenir pour s’assurer que les gens montrent une carte d’identité, laisse entendre M. Evans.

Il soutient que la collecte d’informations sur les clients est beaucoup plus efficace que le « traçage passif », un processus au cours duquel les autorités de la santé publique font une large annonce sur un cas dans un restaurant précis, un jour précis. Cette pratique a été critiquée par certains restaurateurs.

Le vice-président de Restaurants Canada, David Lefebvre, dit qu’il y a des coûts associés à la collecte de données personnelles. Et cela peut prendre du temps pour les endroits qui fournissent un service rapide à de nombreux clients.

« Notre position en tant qu’association à ce sujet est la suivante : assurons-nous que tout le monde respecte les exigences de santé publique. Toutefois, dans un même temps, assurons-nous que cela ne devienne pas trop onéreux et qui coûte trop cher. »