(Paris) Des chercheurs britanniques ont annoncé avoir trouvé un médicament efficace pour les cas graves de COVID-19. La dexaméthasone, un corticostéroïde, réduit du tiers la mortalité chez les patients qui doivent être intubés ou alimentés en oxygène.

« C’est très intéressant, dit Guillaume Emeriaud, du CHU Sainte-Justine. On utilisait déjà la dexaméthasone pour les cas de détresse respiratoire sévère. Mais pas dans les cas viraux, par exemple l’influenza, parce que les corticostéroïdes affaiblissent le système immunitaire. On a évoqué qu’avec la COVID-19, il y a une surréaction du système immunitaire, avec une inflammation des poumons très importante. C’est là que la dexaméthasone peut agir. »

Les corticostéroïdes affaiblissent le système immunitaire, mais pour cette raison, ils sont aussi utilisés pour traiter les maladies auto-immunes — quand le système immunitaire attaque le corps humain par erreur. Les cas graves de COVID-19 s’apparentent justement à une maladie auto-immune, parce que le système immunitaire du patient devient trop actif. Il ne combat pas seulement le coronavirus responsable de la COVID-19, mais s’attaque au corps du patient.

Des chercheurs montréalais vont commencer à tester, au cours des prochains jours, un corticostéroïde moins puissant utilisé notamment par les asthmatiques, sur des patients ayant un diagnostic de COVID-19 et des symptômes, mais n'ayant pas besoin d'être hospitalisés. « Nous allons commencer à recruter au cours des prochains jours », explique Nicole Ezer, du Centre universitaire de santé McGill, responsable de l’étude Contain COVID-19. Le traitement sera de 14 jours, à la maison. Il est possible de consulter le site de recrutement de l'étude ici.

« Nous espérons que ça va diminuer la gêne respiratoire et éviter l’hospitalisation en stoppant la réplication virale et en diminuant la progression de l’inflammation dans les voies respiratoires inférieures », ajoute la Dre Ezer.

Déjà utilisée

Le gouvernement britannique a déjà annoncé que la dexaméthasone serait autorisée pour les patients intubés. « On l’utilise déjà pour certains patients COVID-19 », confirme Cécile Tremblay, infectiologue au CHUM. « À mon avis, il ne faudra pas d’autorisation spéciale de Santé Canada. On peut déjà l’utiliser comme anti-inflammatoire. »

La Dre Tremblay note que la nouvelle a été simplement diffusée par les chercheurs de l’Université Oxford, par communiqué. « Ils n’ont même pas publié sur MedRxiv », site de prépublication scientifique très utilisé depuis le début de la pandémie. « Il faudra attendre une publication dans une revue avec comité de révision [peer review], dit la Dre Tremblay. Mais le comité indépendant de surveillance de l’étude l’a interrompue parce que le bénéfice était tellement grand qu’il ne devenait plus éthique de donner un placebo à la moitié des patients. »

Le DEmeriaud, de Sainte-Justine, note que la dose de dexaméthasone utilisée est faible, mais déplore qu’il n’y ait pas encore de données sur les enfants qui participaient à l’étude.