(Montréal) La ministre de la Santé, Danielle McCann, s’engage à corriger les iniquités dans le versement de certaines primes aux professionnels qui ont été recrutés dans l’effort de lutte contre la pandémie, mais pas dans tous les cas.

Des témoignages recueillis par La Presse canadienne révèlent que les primes offertes aux travailleurs de la santé pour œuvrer en zone chaude dans les hôpitaux ne sont pas versées à ceux qui proviennent de corps d’emploi différents, tels les travailleurs sociaux, les éducatrices spécialisées, les physiothérapeutes, ergothérapeutes et plusieurs autres. Ces travailleurs sont au nombre des employés de l’État dont les services ont été réquisitionnés pour combler les graves manques de main-d’œuvre en CHSLD et dans les hôpitaux.

L’une de ces primes, qui peut atteindre jusqu’à 1000 $ par mois (ou même jusqu’à 3000 $ par mois pour les personnes provenant de l’extérieur de la région de Montréal et qui viennent prêter main-forte dans le Grand Montréal), doit être offerte à toutes les personnes qui œuvrent à temps plein dans les CHSLD et autres milieux de vie de personnes âgées désignés comme étant les plus problématiques, et ce, sans exception.

Cependant, dans le cas des hôpitaux, l’arrêté ministériel adopté le 10 mai dernier précise que ces primes sont destinées exclusivement au personnel infirmier (cliniciennes et auxiliaires), préposés aux bénéficiaires, inhalothérapeutes, auxiliaires aux services de santé et sociaux, aides de service et préposés à l’entretien.

Dans une missive envoyée à La Presse canadienne, la ministre McCann précise que « dans ces cas précis, les primes visent à favoriser la stabilité et la continuité de services dans des catégories d’emploi où on manque de personnel. Pour le moment, il n’est donc pas question d’étendre ces primes à d’autres travailleurs ».

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La ministre de la Santé, Danielle McCann

Des professionnels qui ne sont pas sur cette liste, mais qui font le même travail en zone chaude à l’hôpital, ont écrit à l’adresse courriel « on vous écoute » créée par le ministère pour obtenir de l’information non filtrée du terrain et ont obtenu des réponses génériques comme celle-ci, qui confirment la réponse de Mme McCann : « … lorsqu’elles œuvrent en centre hospitalier désigné par la ministre de la Santé et des Services sociaux, seules les personnes salariées de certains titres d’emploi peuvent bénéficier des montants forfaitaires auxquels vous faites référence. Malheureusement, les professionnels énumérés dans votre courriel ne sont pas visés et nous comprenons votre déception à l’effet de ne pas y être admissibles. »

Corriger les iniquités

Avant d’apporter cette précision lundi soir, Mme McCann avait reconnu plus tôt lors de la conférence de presse quotidienne du gouvernement Legault à Montréal que certaines autres primes ne devaient pas être réservées aux corps d’emploi mentionnés, notamment les primes de 4 % et de 8 % offertes à tous les travailleurs œuvrant en zone chaude quelle que soit la nature de l’institution, mais qu’elles devaient plutôt être associées aux tâches accomplies par les personnes qui affrontent le virus.

« L’esprit de l’arrêté, c’était vraiment de donner une prime aux gens qui ont des contacts étroits avec les personnes qui ont la COVID-19 », avait-elle admis.

« L’esprit de l’arrêté ministériel, c’est lié à la tâche effectivement » et non au corps d’emploi d’où provient la personne qui œuvre auprès des malades atteints.

« Nous continuons d’être en discussion avec les syndicats qui représentent les travailleurs (en question) et on a toujours fait les ajustements nécessaires si, par exemple, on n’a pas vu une situation où ce serait requis », a-t-elle ajouté, laissant ainsi entendre que la situation serait bel et bien corrigée.

Déconfinement des écoles : « un succès »

Dans un autre dossier, c’est à la suite de l’expérience des écoles primaires en dehors de Montréal que Québec a décidé de donner le feu vert à des activités de fin d’année pour les finissants du précollégial, soit les élèves de 6e année du primaire et de 5e année du secondaire.

Le directeur de la santé publique, le docteur Horacio Arruda, a fait valoir que ce déconfinement en dehors de la métropole avait causé une très faible contagion, soit une quarantaine de personnes en tout dont surtout « des professeurs qui avaient été contaminés avant la réouverture » et qu’« à la fois les parents, les enfants et les professeurs considèrent que c’est un succès ».

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Le directeur de la santé publique, Dr Horacio Arruda

Il demeure convaincu du bien-fondé d’avoir rouvert à l’extérieur de Montréal tout en maintenant fermé dans la région métropolitaine parce que « le risque était beaucoup trop grand et je vous dirais aussi que l’acceptabilité de la population n’était pas au rendez-vous ».

En contrepartie, il fait valoir que le fait d’avoir rouvert les écoles partout ailleurs « permet de rassurer les autres parents et aussi de voir qu’il n’y a pas eu d’hécatombe ».

De son côté, le premier ministre François Legault a rappelé qu’il n’avait pas « le “ok” de la santé publique pour rouvrir les écoles du Grand Montréal et de Joliette au mois de mai », mais il a ajouté l’étonnant commentaire suivant, qui tranche avec sa promesse quasi quotidienne de suivre docilement les recommandations du docteur Arruda : « Il aurait fallu que j’aille contre la recommandation de la santé publique. Je n’ai pas exclu ça, mais j’ai décidé de suivre la recommandation de la santé publique au mois de mai ».

Militaires et cours de justice

François Legault a par ailleurs eu l’occasion de revenir sur la présence des militaires sur le terrain non seulement pour répéter sa demande de la maintenir jusqu’au 15 septembre, mais aussi pour critiquer la manière dont ils sont déployés.

Notant qu’il y a 1130 membres de Forces armées et que 780 d’entre eux œuvrent en CHSLD alors que les 350 autres fournissent du soutien à l’extérieur, le premier ministre a affirmé que « j’ai déjà eu l’occasion de dire que j’aimerais que le ratio soit un peu modifié pour qu’il y en ait plus dans les CHSLD et moins à l’extérieur ».

Interrogé également sur la possibilité que le public soit exclu des tribunaux avec un recours plus intense aux vidéoconférences, François Legault a dit croire que ce ne serait pas le cas.

« Je crois que ce que (la ministre de la Justice) Sonia LeBel a annoncé la semaine dernière dépend de la nature de la cause. Si c’est une cause criminelle, je crois que nous allons continuer à avoir un processus de Cour normal. Mais s’il s’agit d’offenses mineures, oui nous traiterons de plus en plus par vidéoconférence. »

Note aux lecteurs : Nouvelle version, remplace le texte précédent après précisions obtenues de la ministre McCann