Alors que la crise sanitaire se prolonge, la popularité du gouvernement Legault baisse considérablement, révèle le plus récent sondage CROP. Les résultats mettent en lumière la crainte des régions à l’égard du Grand Montréal et un niveau de satisfaction envers le gouvernement de Justin Trudeau qui stagne dans la province. Par ailleurs, si l’inquiétude quant à la COVID-19 diminue à l’extérieur de l’île, elle augmente à Montréal et dans ses environs.

Perte de vitesse

Seuls 36 % des Québécois se disent très satisfaits de la performance de François Legault et de son équipe, et 36 % s’en disent satisfaits. Notons qu’à la fin du mois de mars, M. Legault voguait sur des taux élevés de popularité, alors que 65 % des Québécois étaient « très satisfaits » de son travail. L’approbation à l’égard du gouvernement du Québec a donc baissé de façon marquée, bien que les scores qu’il obtient demeurent plus élevés que ceux du gouvernement fédéral. « Au début, on a tous embarqué dans cette crise pensant que ça durerait un moment. Là, on apprend qu’on en a peut-être pour deux ans. On voit maintenant que les gens sont tannés, particulièrement à Montréal, où le taux de satisfaction envers le gouvernement est plus bas », note Alain Giguère, président de CROP.

Justin Trudeau stagne

PHOTO SEAN KILPATRICK, LA PRESSE CANADIENNE

Justin Trudeau, premier ministre du Canada

« La difficulté de Justin Trudeau à aller chercher une satisfaction plus élevée au Québec étonne beaucoup, alors que c’est son gouvernement qui distribue le plus d’argent », remarque M. Giguère. François Legault a beau voir sa cote de popularité diminuer, il s’en sort tout de même mieux que le premier ministre du Canada. « C’est comme si la communication passait moins bien malgré les efforts financiers », poursuit Alain Giguère. La satisfaction envers le gouvernement Trudeau stagne depuis le mois de mars. Début mai, 21 % des Québécois se disent très satisfaits de sa performance et 33 % s’en disent satisfaits. À Montréal, la satisfaction envers le gouvernement fédéral est en hausse comparativement aux autres régions du Québec.

« Montréalophobie »

Selon le sondage CROP, 41 % des gens vivant à l’extérieur de Montréal craignent les Montréalais. Les craintes sont plus marquées chez les 55 ans et plus. En Gaspésie, aux Îles-de-la-Madeleine et dans le Bas-Saint-Laurent, pas moins de 67 % des répondants se disent très inquiets. « C’est intéressant, car ce sont les régions les moins touchées par la COVID-19 qui craignent le plus les habitants de la métropole », conclut Alain Giguère. Sans surprise, 36 % des sondés ne prévoient pas prendre de vacances, 20 % envisagent de le faire en restant à la maison et 23 % disent qu’ils prendront des vacances au Québec si on le leur permet.

L’inquiétude baisse, sauf à Montréal

De façon générale, l’inquiétude par rapport au virus est en hausse dans la grande région de Montréal, durement touchée par la COVID-19, et en baisse dans les autres régions. Les répondants se sont dits très inquiets des impacts économiques de la pandémie au Québec dans une proportion de 36 %, alors que 40 % se sont dits assez inquiets. L’inquiétude diminue graduellement si on compare les résultats du récent sondage à ceux obtenus en mars et en avril. La crainte que la COVID-19 se propage au Québec est en hausse : 35 % des Québécois sondés se sont dits « très inquiets » à cet égard, alors qu’en avril ils n’étaient que 26 %. La peur d’attraper la COVID-19 touche 23 % des répondants, une hausse par rapport au mois dernier.

Déconfinement prudent

Très peu de Québécois sont prêts pour un déconfinement rapide. Selon les résultats du sondage, 30 % croient qu’il faut poursuivre le confinement, soit davantage que lors du dernier coup de sonde. Encore une fois, les Montréalais sont plus frileux par rapport au déconfinement en comparaison avec les régions. Dans une proportion de 57 %, les gens sont d’avis que le déconfinement peut commencer, mais qu’il faut faire très attention. La proportion des Québécois qui sont d’avis qu’il est de leur devoir de dénoncer ceux qui ne respectent pas les différentes consignes d’isolement est de 46 %. La proportion de ceux qui jugent que les consignes d’isolement trop sévères ne sont pas faites pour eux a connu une hausse marquée. On est passé de 7 % à 14 %.

Craintes pour l’économie

« La communication gouvernementale sur l’impact de la pandémie sur l’économie est très forte : on voit qu’ils font les efforts pour aider les entreprises en difficulté », souligne Alain Giguère. Plus de la moitié des répondants au sondage, soit 57 %, pensent que l’économie sera touchée de 6 à 12 mois ou plus et stagnera ou sera légèrement ralentie par la suite; 26 % sont plutôt pessimistes et pensent que la COVID-19 aura un impact durable sur l’économie et entraînera une régression ou une régression prolongée; 17 % sont d’avis que l’économie va reprendre dans les deux ou trois mois après la pandémie et croître tout aussi fortement ou plus fortement qu’avant.

Méthodologie

La collecte des données s’est faite sur le web entre le 5 et le 10 mai 2020. Au total, 1000 questionnaires ont été remplis par des Québécois de 18 ans et plus. Cette collecte de données suit trois autres sondages effectués auprès de Québécois de 18 ans et plus : du 18 au 22 mars 2020, auprès de 1001 personnes, les 4 et 5 avril 2020, auprès de 1344 personnes, puis du 17 au 20 avril 2020, auprès de 1408 personnes. Les résultats ont été pondérés afin de refléter la distribution de la population à l’étude selon le sexe, l’âge, la langue maternelle et la scolarité des répondants.