(Montréal) La première transfusion de plasma convalescent à un patient atteint de la COVID-19 au Canada a eu lieu jeudi au CHU Sainte-Justine, a appris en primeur La Presse canadienne.

L’intervention a été effectuée dans le cadre de la plus vaste étude clinique réalisée à ce jour sur l’utilisation du plasma convalescent dans la lutte contre le coronavirus, qui se déroule au Canada.

« C’est quelqu’un de très malade, a expliqué un des responsables de l’étude, le docteur Philippe Bégin du CHU Sainte-Justine. Le patient avait deux chances sur trois d’être au groupe plasma et une chance sur trois d’être au groupe traitement normal, et il a été randomisé au plasma. Donc, c’est le premier plasma convalescent donné au Canada pour traiter la COVID-19. »

Le traitement fait l’objet d’un grand essai clinique incluant une cinquantaine de centres au Canada, dont une quinzaine au Québec.

Des scientifiques du CHU Sainte-Justine, du Centre de recherche du Centre hospitalier de l’Université de Montréal, de l’Hôpital général juif, d’Héma-Québec et de plusieurs autres hôpitaux de la province sont notamment de la partie.

Le plasma est la portion liquide du sang qui contient les anticorps qui protègent contre la maladie.

Vitesse grand V

Le projet a vu le jour il y a un peu plus de six semaines, et c’est tout le temps dont ont eu besoin les chercheurs pour compléter ce qui peut parfois prendre plusieurs années.

Cela est d’autant plus remarquable, a dit le docteur Bégin, que tout se fait dans les normes, sans coins tournés ronds.

« Tout le monde est un peu coincé avec la COVID-19, mais d’avoir l’impression que ça avance, qu’il y a des résultats et qu’on fait une différence, c’est très stimulant pour toute l’équipe », a-t-il expliqué.

Une étude américaine regroupant quelque 5000 personnes a démontré cette semaine que la transfusion de plasma convalescent est sécuritaire, mais on ne sait pas encore quel impact cela a sur le rétablissement des patients.

« Certaines personnes soulevaient un doute théorique que les anticorps (du plasma convalescent) puissent venir empirer la réaction inflammatoire et que ça puisse être dangereux, a dit le docteur Bégin. Il n’y a aucun signe de dangerosité.

« [La] conclusion [des chercheurs américains] est qu’il faut maintenant mettre sur pied des études randomisées contrôlées, et la plus grosse étude randomisée contrôlée du monde, c’est chez nous qu’elle se fait. »

Ce projet de recherche est soutenu notamment par la Fondation CHU Sainte-Justine et ses donateurs de première ligne.