(Québec) Au début exemplaire, la gestion de la crise sanitaire par le gouvernement Legault montre désormais des ratés, selon la nouvelle cheffe du Parti libéral du Québec (PLQ), Dominique Anglade.

Elle constate un manque de cohérence et un manque de cohésion dans l’action gouvernementale.

« Il y a des choses qui ne fonctionnent pas » dans le processus décisionnel, estime la nouvelle cheffe de l’opposition officielle à l’Assemblée nationale, dans une entrevue à La Presse canadienne mardi, au lendemain de son accession à la direction du PLQ.

Elle en donne pour preuve la confusion autour de l’augmentation annoncée récemment du nombre de tests de dépistage de la COVID-19. On devait passer de 6000 à 14 000 par jour, voire davantage, mais ce n’est toujours pas le cas.

Forte d’une formation scientifique — elle est ingénieure — Mme Anglade réclame du gouvernement qu’il appuie ses décisions sur « des données scientifiques et des scénarios clairs ».

Elle est d’avis qu’au début de la crise, le premier ministre François Legault et son équipe ont pourtant fait « du très bon travail », mais que les choses se sont dégradées depuis.

Dans son nouveau rôle de cheffe de l’opposition officielle, qui débutera mercredi avec une double période de questions, en personne, au Salon bleu, Mme Anglade n’entend pas « critiquer pour critiquer », préférant adopter « un ton constructif » et s’appuyer sur « des faits » pour amener le premier ministre à rendre des comptes sur sa façon de gérer la crise sanitaire.

La COVID change tout

Elle est aussi d’avis que, sur le plan de l’action gouvernementale, la COVID-19 « modifie toutes les propositions » passées. L’ampleur de la crise et son impact important sur tous les aspects de nos vies devraient convaincre le gouvernement de lancer dès maintenant une série de « grands chantiers » censés repenser les façons de faire et les priorités.

Notamment, il est clair à ses yeux qu’il faudra réinvestir dans la santé publique pour prévenir d’autres crises sanitaires et se préparer en conséquence.

Quand elle pense au sort réservé aux personnes âgées, elle croit que « tout doit être repensé » désormais, tant le modèle des centres d’hébergement et de soins de longue durée (CHSLD) que celui des soins et services à domicile qui leur sont destinés.

Malgré la crise actuelle, la leader politique est d’avis que les priorités qu’elle avait définies durant la campagne au leadership n’ont rien perdu de leur valeur ou de leur pertinence.

Au contraire, elle croit que son projet de Charte des régions, qui « prend tout son sens », ou encore son Pacte économique sur la lutte aux changements climatiques, deviennent dans le contexte actuel des priorités « encore plus pertinentes » que jamais.

Fébrile

La députée de Saint-Henri–Sainte-Anne se dit « fébrile » au moment d’enfiler ses nouvelles chaussures de cheffe de parti.

Elle est bien consciente que son statut de première femme à prendre la direction du PLQ lui confère une responsabilité supplémentaire, tout comme le fait d’être issue de la diversité culturelle, par ses origines haïtiennes.

Elle ne veut pas décevoir et entend donner « le bon exemple », déterminée chaque jour à « mériter la confiance » placée en elle.

Avec le désistement, lundi, du seul autre candidat dans la course, Alexandre Cusson, elle a été « couronnée » cheffe au lieu d’être élue en bonne et due forme, mais elle ne croit pas que cela va affaiblir d’aucune façon son leadership.

« Franchement non », répond-elle spontanément quand on lui pose la question, convaincue qu’elle a bâti jour après jour sa légitimité par ses tournées, ses rencontres avec les militants, son travail sur le terrain depuis près d’un an en tant que candidate.

À compter de maintenant, elle devra aussi refaire l’unité dans le caucus libéral. La plupart des députés lui avaient donné leur appui sauf deux, Lise Thériault et Marwah Rizqy, qui avaient préféré se ranger derrière M. Cusson.

Députée depuis 2015, Mme Anglade se définit comme « une fille d’équipe ». Dans les prochains jours, elle veut rencontrer individuellement chacun des députés et leur lancer le message suivant : il faut « se dire les vraies choses ».

À court terme, compte tenu qu’il ne reste que quelques semaines de session parlementaire, elle ne prévoit pas modifier les responsabilités de chacun, qu’il s’agisse des officiers parlementaires ou des porte-parole des différents dossiers.

En tant que cheffe de sa formation politique, elle entend bien « faire les choses dans l’ordre ».