Le nombre de morts continue d’augmenter au Québec, mais la situation est maîtrisée dans les hôpitaux montréalais, assure un spécialiste de la médecine d’urgence.

Les dernières semaines ont été particulièrement difficiles dans de nombreux hôpitaux de Montréal, qui ont fait face à des éclosions de COVID-19. Dans certains établissements, les urgences ont débordé et des opérations ont dû être reportées.

 « Des éclosions, il y en a eu et il y en aura encore », note le Dr Gilbert Boucher, président de l’Association des spécialistes en médecine d’urgence du Québec.

Même si le bilan a continué de s’alourdir samedi – 114 décès ont été rapportés au Québec, portant le nombre de victimes de la COVID-19 à 2136 –, le Dr Boucher estime que la situation est maîtrisée dans les hôpitaux montréalais.

Selon lui, l’identification des foyers d’éclosion a permis la mise en place de procédures adéquates, juge-t-il. Il se réjouit de l’augmentation importante du nombre de tests qui seront réalisés prochainement. Québec a annoncé vendredi son intention de passer à 14 000 tests quotidiens.

Le dépistage massif est une piste de solution, puisque le virus est sournois : bon nombre de personnes sont asymptomatiques. Les allées et venues de patients chez qui on ne soupçonnait pas la maladie changent la donne. Une fois qu’on teste et qu’on découvre qu’un patient a été atteint, il faut retracer tout le personnel soignant avec qui il a été en contact et l’isoler.

« En moyenne, ça peut atteindre entre 4 et 12 membres du personnel soignant pour un seul patient atteint du virus. Ça met de la pression sur le reste du personnel, ça a donc un impact », explique le Dr Boucher. De plus, une fois l’éclosion déclarée, « il y a des espaces morts. On perd l’étage ».

Un patient peut aussi passer par les urgences et développer des symptômes. C’est une autre forme d’éclosion.

L’éclosion de l’hôpital Maisonneuve-Rosemont

De nombreux cas d’éclosion de COVID-19 dans les hôpitaux montréalais ont fait les manchettes la semaine dernière.

L’hôpital Maisonneuve-Rosemont a annulé les opérations qui nécessitent une hospitalisation. En date du 29 avril, il y avait 317 personnes déclarées positives à la COVID-19 à l’hôpital Maisonneuve-Rosemont et à Santa Cabrini, l’établissement jumelé.

À Maisonneuve-Rosemont, huit unités ont connu des éclosions depuis le 30 mars.

« La très grande majorité de ces personnes n’ont pas contracté la COVID-19 à l’intérieur de nos centres hospitaliers. Les deux centres hospitaliers étant désignés pour la COVID-19, nous avons l’obligation d’offrir des soins à ces personnes qui ont contracté le virus dans la communauté », précise Christian Merciari, porte-parole du CIUSSS de l’Est-de-l’Île-de-Montréal.

La procédure recommandée par la Santé publique veut également que les patients hospitalisés qui ont un diagnostic positif de COVID-19 soient isolés dans une zone de confinement adaptée.

L’Institut universitaire en santé mentale Douglas, où 16 patients et 22 employés ont subi un test positif, est désigné pour accueillir les patients déclarés positifs à la COVID-19 souffrant de problèmes de santé mentale. Dans les établissements désignés COVID-19 qui reçoivent les cas positifs de la région, l’augmentation du nombre de cas est généralement rapide.

À l’Hôpital général du Lakeshore, on retrouve 79 cas confirmés, selon le bilan du CIUSSS de l’Ouest-de-l’Île-de-Montréal transmis samedi. L’établissement est également un centre régional désigné pour recevoir les patients positifs à la COVID-19.

L’éclosion est survenue au quatrième étage. Parmi les personnes contaminées, on compte 30 patients et 34 employés.

« Les mesures prévues par la Santé publique dans ce type de situation sont en cours, affirme le CIUSSS de l’Ouest-de-l’Île-de-Montréal. Nous avons identifié les patients et le personnel de soin qui étaient sur l’unité visée. Le CIUSSS va poursuivre le dépistage auprès de l’ensemble des membres du personnel au cours des prochains jours. »

En date du 1er mai, il y avait 783 membres du personnel atteints de la COVID-19 au CIUSSS du Nord-de-l’Île-de Montréal.

Sur ce territoire, l’hôpital du Sacré-Cœur, désigné COVID-19, compte 7 unités en éclosion et 99 cas confirmés.

Toujours au nord de Montréal, l’hôpital Fleury compose avec une unité en éclosion et 22 cas de coronavirus.

Dès que deux patients sont contaminés par le virus sur une même unité, l’ensemble de l’unité devient un milieu d’éclosion. Elle le demeure pour 28 jours, selon le processus en prévention et contrôle des infections. Ainsi, à l’hôpital Jean-Talon, on compte trois unités en éclosion et aucun cas de COVID-19.

La situation est en voie de se résorber dans la majorité des établissements touchés, assure le Dr Boucher. « Le taux d’occupation a baissé depuis trois jours, on a quand même une certaine capacité à absorber plus de cas. »

PHOTO EDOUARD PLANTE-FRÉCHETTE, ARCHIVES LA PRESSE

Le Dr Gilbert Boucher, président de l’Association des spécialistes en médecine d’urgence du Québec

Pour freiner l’éclosion de cas de coronavirus hors de son unité COVID-19, l’Hôpital de Verdun a inauguré mercredi une annexe chauffée et climatisée disposant d’une trentaine de lits.

Plus de morts à Montréal

C’est dans la grande région de Montréal que se trouve la plus grande proportion de morts de la COVID-19. Parmi les 114 nouveaux décès rapportés, on en compte 67 à Montréal et 3 à Laval. En Montérégie, le nombre de morts a bondi de 127 à 151.

Le nombre de cas confirmés est passé de 28 648 à 29 656 dans la province, une hausse de 1008. On compte 1738 personnes hospitalisées, dont 222 aux soins intensifs.

— Avec la collaboration de Janie Gosselin, La Presse