(Québec) Le gouvernement Legault fait preuve « d’optimisme exagéré » et ne pose pas les bons gestes pour relancer l’économie, estiment les députés libéraux qui ont participé aux deux premiers débats virtuels, vendredi.

Finalement, les partis d’opposition sont sortis satisfaits de l’exercice virtuel, mais sceptiques par rapport aux réponses des ministres interrogés, en l’occurrence Pierre Fitzgibbon (Économie) et Jean Boulet (Travail).

M. Fitzgibbon anticipe un rebond en « V », donc très rapide, « mais je ne vois pas ça du tout », a déclaré le député libéral de Robert-Baldwin et ancien ministre des Finances, Carlos Leitão.

« Quand on va commencer à rebondir, les consommateurs et les entreprises vont être accablés par une dette très élevée, a-t-il dit, et cet endettement-là va nécessairement ralentir le rythme de croissance. »

« C’est là le gros risque, et de là la nécessité d’y aller avec des aides directes », a-t-il renchéri.

Jusqu’à présent, le gouvernement Legault a surtout mis sur pied des programmes de prêts et de garanties de prêt.

M. Fitzgibbon a profité de son passage en commission pour annoncer une bonification de 30 % de l’enveloppe de 150 millions mise à la disposition des MRC afin de venir en aide aux entreprises.

Il a averti que les entreprises qui recevront de l’argent public pour relancer leurs activités devront s’engager à geler le salaire de leurs dirigeants et à suspendre les bonis.

« Le filet pour les entreprises est bien tissé », a-t-il assuré tout au long des échanges, vendredi.

Insuffisant, a répondu la députée libérale Dominique Anglade. « Il y a un degré de réalisme qu’on doit avoir », a-t-elle martelé, en rappelant que seulement 25 % des commerces ont réussi à payer le loyer d’avril.

« Ces aides directes-là, on les sous-estime de manière importante, alors que dans d’autres provinces, ils ont déjà commencé à poser des gestes. Pas nous. »

C’est le « degré d’optimisme » du gouvernement qui fait en sorte qu’il « ne pose pas ces gestes », estime-t-elle.

Plan de déconfinement

Par ailleurs, le ministre Fitzgibbon a affirmé que le plan de déconfinement du gouvernement sera présenté aux Québécois en début de semaine prochaine, mais n’a laissé filtrer aucun détail.

Les partis d’opposition ont tour à tour déploré n’avoir pu participer à l’élaboration de ce plan.

« Ça nous désole un peu. […] Les députés auront à vivre avec ça sur le terrain ; il va falloir opérationnaliser tout ça », a souligné le leader parlementaire du Parti québécois, Martin Ouellet.

Le ministre du Travail, Jean Boulet, a fait savoir que 300 inspecteurs de la CNESST sillonneront le Québec pour aider les gens à réintégrer leurs emplois de manière sécuritaire.

Il anticipe « certainement » des départs à la retraite hâtifs dans le contexte de la COVID-19. « En même temps, j’invite les travailleurs qui sont en santé […] à continuer de donner une prestation de travail », a-t-il dit.

Les entreprises qui devront acheter du matériel de protection pour leurs employés ne seront pas compensées, a-t-il également précisé.

Quelques petits pépins techniques

Les débats virtuels — une première en politique québécoise — ont parfois donné lieu à des moments cocasses, où les élus devaient composer avec de petits problèmes techniques.

Les micros des députés semblaient particulièrement capricieux. Le « stress » de se brancher a même fait apparaître de nouveaux cheveux blancs, a lancé à la blague le député de Québec solidaire, Vincent Marissal.

« Vous n’avez pas idée des acrobaties que je viens de faire dans les 15 dernières minutes pour être capable de me brancher et être ici », s’est-il exclamé.

Trois autres débats virtuels sont prévus la semaine prochaine avec les ministres Danielle McCann (Santé), Jean-François Roberge (Éducation) et Andrée Laforest (Affaires municipales).