(Québec) La crise de la COVID-19 fait d’autres victimes collatérales : les personnes voulant s’établir de façon permanente au Québec dont le sort est soudainement devenu incertain.

Les organismes d’aide aux immigrants sont à pied d’œuvre pour les aider à combattre la détresse psychologique, rapporte la directrice générale d’Accueil liaison pour arrivants (ALPA), Alia Hassan-Cournol.

En entrevue avec La Presse canadienne, elle affirme aider notamment des étudiants internationaux qui craignent de ne pas pouvoir graduer et postuler au Programme de l’expérience québécoise (PEQ).

Preuve que la COVID-19 touche toutes les sphères de la société : le cabinet du ministre de l’Immigration, Simon Jolin-Barrette, reconnaît désormais qu’il y aura « une incidence sur les délais de traitement des demandes » dans le cadre de ses programmes d’immigration permanente.

« On travaille comme des fous depuis la COVID-19, s’est exclamée Mme Hassan-Cournol, qui est bien au fait de la situation. On est déjà par le fait même d’immigrer dans une situation d’instabilité. Vous venez ajouter des couches et des couches et des couches d’instabilité, de questionnements, et ça crée de l’angoisse. »

L’immigration est une responsabilité partagée entre Québec et Ottawa. Les personnes qui souhaitent postuler au PEQ, renouveler un permis d’études ou de travail, obtenir une résidence permanente ou un certificat de sélection du Québec peinent à obtenir des réponses des gouvernements, selon Mme Hassan-Cournol.

Ces personnes vivent avec « une épée de Damoclès au-dessus de la tête et surtout un gros gros point d’interrogation », insiste-t-elle.

La directrice générale de l’ALPA souligne par ailleurs que des groupes ont récemment demandé au gouvernement fédéral de prolonger automatiquement de 90 jours les visas qui viennent à échéance.

« On est dans le flou, affirme-t-elle. On ne sait pas quand on va obtenir des réponses de la part des ministères concernés quant aux délais et aux incidences de cette mise sur pause.

« C’est sûr qu’il y a un moment donné où il va falloir donner des réponses plus claires. »

L’ALPA, qui emploie des travailleurs sociaux, offre des services gratuits dans 15 langues. Débordé, l’organisme songe à gonfler ses rangs, en embauchant des psychologues spécialisés en approche clinique interculturelle.

De son côté, le directeur général de la Table de concertation des organismes au service des personnes réfugiées et immigrantes, Stephan Reichold, déplore les délais en immigration, « surtout qu’ils étaient déjà longs auparavant, mais on comprend qu’avec le télétravail, tous les processus administratifs sont au ralenti ».

Les travailleurs agricoles priorisés ?

Par ailleurs, concernant les travailleurs étrangers temporaires, Québec dit travailler pour que la priorité soit accordée aux travailleurs agricoles.

L’émission des permis de travail dans cette catégorie est la responsabilité unique du gouvernement du Canada. L’an dernier au Québec, 15 525 permis ont été délivrés à des travailleurs agricoles saisonniers.

Le 18 mars dernier, la Fédération canadienne de l’entreprise indépendante (FCEI) a exigé l’assouplissement de l’interdiction d’entrée au pays pour les travailleurs étrangers temporaires, dont le travail est nécessaire à la culture et à l’approvisionnement des fruits et légumes du Québec.

« Quant aux travailleurs étrangers temporaires, toutes les mesures sont mises en place pour traiter rapidement les demandes des travailleurs agricoles, soutient l’attachée de presse du ministre Jolin-Barrette, Élisabeth Gosselin-Bienvenue. Nous […] sommes en discussion avec le gouvernement fédéral sur le dossier. »