Des syndicats d’employés municipaux demandent aux villes de ne pas aggraver la crise actuelle en mettant à pied des travailleurs. Ils invitent le gouvernement Legault à assouplir la loi qui empêche les villes d’enregistrer des déficits.

« Si les villes ne gardent pas leurs employés, qui va le faire ? » s’est exclamé en entrevue Marc Ranger, directeur québécois du Syndicat canadien de la fonction publique (SCFP), affilié à la FTQ.

Avec la fermeture des entreprises et commerces non essentiels qui vient d’être prolongée jusqu’au 4 mai, « nous, on craint une vague, on craint que des villes soient tentées d’aller vers des mises à pied massives », a confié lundi le dirigeant syndical.

Le SCFP représente 72 % des employés municipaux cols bleus et cols blancs dans l’ensemble des villes du Québec.

Plusieurs municipalités du Québec ont déjà annoncé des mises à pied temporaires, à cause de la pandémie du coronavirus : Québec, Donnacona, Blainville, Mascouche et d’autres. Elles invoquent le manque de travail et le fait qu’une loi leur interdit d’enregistrer des déficits.

« Ce n’est pas le temps de faire des mises à pied », alors que ces employés municipaux peuvent être affectés à d’autres tâches, a fait valoir M. Ranger.

Ces employés devraient être affectés à la surveillance des inondations et aux interventions en conséquence, par exemple, au grand ménage du printemps et à la désinfection du mobilier urbain, suggère le directeur québécois du SCFP.

Ces employés peuvent aussi être prêtés à des organismes communautaires ou contacter des personnes âgées qui sont seules. « Les villes sont à la première ligne, sur le terrain », plaide M. Ranger.

Le dirigeant syndical rappelle aux villes que leurs taxes ne sont pas réduites pour autant, que leur versement est seulement reporté dans le temps.

Legault

Interrogé à ce sujet lors de sa conférence de presse quotidienne, le premier ministre François Legault a dit respecter l’autonomie des municipalités en la matière.

« Chaque municipalité est différente. Elles ont des conventions collectives différentes, elles ont une partie des employés qui a une sécurité d’emploi, il y a une partie qui n’ont pas de sécurité d’emploi. Il y a des endroits où ils utilisent les employés de la municipalité pour aller aider les organismes communautaires. Il y a des taux de taxe qui sont différents, des emprunts… la hauteur est différente d’une municipalité à l’autre. Nous, ce qu’on veut, c’est de laisser l’autonomie aux municipalités de faire les meilleurs choix avec ce qu’ils ont devant eux, tout en sachant que la majorité des employés ont une sécurité d’emploi », a-t-il commenté.

Montréal

À Montréal, la mairesse Valérie Plante avait effectivement annoncé, le 17 mars, que certains employés municipaux qui avaient auparavant des contacts directs avec les citoyens seraient réaffectés pour être prêtés à Moisson Montréal, par exemple. Elle évitait ainsi des mises à pied.

Moisson Montréal manquait justement de bénévoles pour mener à bien son mandat de banque alimentaire, parce que ce sont habituellement des employés d’entreprises privées qui venaient lui donner un coup de main.

Donnacona

À Donnacona, le maire Jean-Claude Léveillée explique qu’il a dû se résoudre à annoncer des mises à pied temporaires, à cause du coronavirus.

En entrevue lundi, il a précisé que « cent % des temporaires » ont été mis à pied, soit 15 employés, et 35 % des permanents.

« À ce temps-ci, c’est plus tranquille côté travaux. Les loisirs sont fermés. Aux travaux publics, on attend la fonte des neiges. Les réparations urgentes sont faites de toute façon. On suit les directives gouvernementales. On a gardé nos services essentiels et l’administration a été réduite », a expliqué le maire Léveillée.