Un test portatif de COVID-19 pourrait être sur le marché dès cet été au Canada. Les chercheurs torontois qui ont mis un tel test au point pour le Zika ont envoyé une version modifiée au laboratoire national de Winnipeg pour une vérification de sa précision. Pendant ce temps, à Seattle, la Fondation Gates et Amazon préparent un programme de tests à domicile.

Depuis 2016, Keith Pardee, de l’Université de Toronto, travaille sur un test diagnostique « au point de soins » pour le virus Zika. Début mars, sa technologie faisait partie des 47 projets de recherches d’urgence sur le COVID-19 financés les Instituts de recherche en santé (IRSC). Signe de l’urgence de la situation, les chercheurs travaillant sur les diagnostics sont les seuls qui étaient difficiles ou impossibles à joindre, parmi la vingtaine de chercheurs financés par les IRSC qui ont été contactés par La Presse.

« C’est une plateforme programmable, alors on a déjà calibré les capteurs pour le virus de la COVID-19, explique M. Pardee. Nous avons envoyé les capteurs au laboratoire national à Winnipeg pour qu’ils testent les taux de faux positifs et de faux négatifs avec le virus réel. Mais je pense que les résultats seront bons, nous avions fini les essais cliniques pour le Zika et c’était comparable aux analyses en laboratoire. »

L’objectif est d’avoir un résultat de test sans renvoyer un patient chez lui. « Nous travaillons aussi sur un boîtier qui contiendra 14 000 tests, soit 1000 par jour pendant deux semaines », dit M. Pardee. Le test sera-t-il assez rapide pour être utilisé aux douanes ? « Pour le Zika, ça prend 3-4 heures à avoir un résultat, donc c’est techniquement possible de l’utiliser à des points de contrôle. » Combien de temps dureront les tests à Winnipeg ? « C’est difficile à dire, quelques semaines, quelques mois, en tout cas pas plus de quatre mois. » Et ensuite ? Le test portatif rapide sera-t-il prêt cet été ? « Je ne veux pas donner de date, le domaine médical est très réglementé. »

Le privé coûteux

Des tests portables existent déjà, souvent basés sur des plateformes utilisées dans les pays en voie de développement pour des maladies comme la tuberculose. Il y a, par exemple, le test de la compagnie américaine Cepheid, pour sa plateforme GeneXpert, dont il existe 23 000 exemplaires dans le monde, près de la moitié dans des pays pauvres. Un article de Health Policy Watch déplorait toutefois sa capacité (96 tests par jour) et son coût – 20 $ par test, vendu en « cartouche ». Le test de COVID-19 de Cepheid, approuvé par les autorités américaines (FDA), prend seulement 45 minutes.

D’autres tests privés sont tout aussi coûteux, mais ont une capacité très grande. C’est le cas du test diagnostique de la compagnie suisse Roche, approuvé au Canada à la mi-mars. Il doit être fait par une énorme plateforme vendue par Roche, au coût de 1 million de dollars, dont il existe moins d’une douzaine d’exemplaires au Canada, mais aucun au Québec. Chaque plateforme peut faire entre 1000 et 4000 tests par jour. Un hôpital de Vancouver, par exemple, prévoit de faire 2000 tests par jour sur sa plateforme Roche, avec très peu de manipulations, donc de faibles besoins de main-d’œuvre. « On est en train de faire des évaluations de sites hospitaliers pour les plateformes, la solidité du plancher, la plomberie, l’électricité », explique François Drolet, directeur des affaires publiques de Roche Canada. Le test diagnostique est fabriqué dans une usine du New Jersey.

En tout, Santé Canada a autorisé en date du 31 mars huit tests diagnostiques privés de COVID-19 et en évalue 24 autres.