Habitués à passer l’hiver au chaud en Floride, ils resteront pour la plupart sagement au pays cette année, mais bon nombre de ces snowbirds choisissent quand même de partir vers le Sud, pandémie ou pas, quitte à payer une petite fortune pour réaliser leur rêve.

Ces personnes qui fuient le froid en hiver, le font malgré les appels du gouvernement canadien à rester au pays. Malgré aussi la fermeture de la frontière terrestre aux déplacements non essentiels vers les États-Unis.

Habituellement, environ 900 000 snowbirds canadiens, dont 250 000 Québécois, passent une grande partie de l’hiver « en Floride et dans les autres États du sud des États-Unis », souligne pour l’AFP Johanne Blain, directrice francophonie de l’Association canadienne des snowbirds.

Cette année, ils seront peut-être 30 % à le faire, estime-t-elle.

La plupart prendront l’avion : les États-Unis, contrairement au Canada, continuent d’admettre sur leur territoire les Canadiens atterrissant pour des séjours non-essentiels.

Les snowbirds n’ont pas à respecter de quarantaine en Floride, comme ils doivent le faire pendant 14 jours à leur retour au Canada.

Ceux qui choisissent la route pour s’y rendre, en voiture ou en véhicule récréatif, n’hésitent pas à utiliser un subterfuge légal pour contourner la fermeture de la frontière.

Des entreprises dument autorisées, parce que jugées essentielles pour le commerce transfrontalier, transportent directement leur véhicule de l’autre côté de la frontière.

Michael Couturier, PDG de Transport KMC, une société de la région de Montréal, a même mis en place cet automne « tout un système clé en main » pour eux, dit-il à l’AFP.

Ses clients montent dans un avion en banlieue de Montréal et rejoignent 12 minutes plus tard l’aéroport de Plattsburgh, dans le nord de l’État de New York, où un chauffeur de KMC vient à leur rencontre au volant de leur véhicule.

Coût de ce « pont aérien » : 500 dollars canadiens par personne pour le billet d’avion et 1000 dollars pour le transport du véhicule sur 90 km.

Environ 2000 personnes ont jusqu’ici utilisé ce service, selon M. Couturier.

Quelques-uns de ces snowbirds rencontrés à l’aéroport de Saint-Hubert, près de Montréal, ont refusé de répondre aux questions de l’AFP.

Une autre, arrivée en Floride avec son mari par ce moyen, s’est confiée : « Tout ce qu’on veut […], c’est d’avoir la paix d’esprit et d’être dans la joie, et non pas dans la morosité ».

« On n’en peut plus, on veut juste vivre notre vie, on a 60 ans, on a décidé de vivre en véhicule récréatif », dit-elle à l’AFP en demandant l’anonymat.

Partir ou pas est « une décision un peu déchirante pour ceux qui sont en véhicule récréatif à l’année longue », convient Johanne Blain de l’Association des snowbirds.

PHOTO BÉNÉDICTE MILLAUD, AFP

Johanne Blain, de l’Association canadienne des snowbirds.

Ces derniers n’ont généralement pas de logement et migrent au gré des saisons entre le Canada et la Floride, souvent depuis des années, note-t-elle.

Des snowbirds ayant un logement en Floride font également appel à des entreprises comme Transport KMC pour faire transporter leur véhicule sur tout le trajet : les prix oscillent entre 1500 et 1800 dollars, mais peuvent atteindre jusqu’à 4500 dollars.

« Grâce aux snowbirds dans le fond, on a engagé plus de personnel pour être capable de suffire à la demande », déclare M. Couturier. « C’est une très bonne affaire pour nous en ce moment. »

Au total, plus de 3,6 millions de Canadiens ont officiellement visité la Floride l’an dernier, soit presque un sur dix.

Johanne Blain et son mari ne seront pas de la partie cet hiver : « On a décidé, question personnelle, question assurances itou de passer notre tour, aussi longtemps que la frontière terrestre n’est pas ouverte ».

Ni l’un, ni l’autre ne veut courir le risque de contracter le coronavirus. « Quand on est malade, on se sent vulnérable, puis on n’est pas dans notre pays, même si on a des assurances. »

Et de conclure : « On se sent mieux près de la famille, parce qu’on ne sait jamais ce qui peut arriver. »