Les records de cas quotidiens et les hôpitaux en situation critique n’ont pas convaincu les gens de rester à la maison. En ce dernier samedi avant Noël, les résidants de la grande région de Montréal ont eu la bougeotte. Beaucoup sont allés magasiner. D’autres ont profité d’un peu d’air frais sur les pistes.

Au Carrefour Laval, samedi après-midi, de longues files d’attente serpentent le long des murs en brique du centre commercial. Des gardiens de sécurité retiennent les clients pour faire respecter la capacité de 4713 personnes à l’intérieur. Il y a une longue attente entre chaque nouvelle entrée.

« C’est une catastrophe », déclarent en chœur Julie et Alexandra. Elles attendent à l’extérieur depuis une heure. « En plus, on sait qu’on va devoir encore attendre devant les magasins en dedans », se désole Julie. Les deux jeunes femmes sont venues terminer leur magasinage des Fêtes.

Un peu plus loin, devant l’entrée principale, Tarik attend depuis une heure, lui aussi. « Ma femme est enceinte, elle attend dans la voiture », précise-t-il. Ils sont venus acheter des fournitures pour le bébé à venir. « Je savais qu’il y aurait de l’attente, mais pas autant que ça », ajoute-t-il. Presque arrivé au bout de ses peines, Tarik envoie un message texte à sa femme lui disant de venir le rejoindre dans la file.

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Arrivée tôt samedi, Rachel Romano a pu éviter les files avant d’entrer au Carrefour Laval.

Je suis vraiment impressionnée par la file. J’ai bien fait de venir tôt !

Rachel Romano, cliente du Carrefour Laval

Arrivée à 10 h, elle n’a pas eu à attendre pour entrer dans le centre commercial, même si elle a tout de même dû patienter devant les magasins les plus populaires à l’intérieur.

La mine sombre, Dominique et Michel sortent en trombe du centre commercial, quelques sacs d’emplettes à la main. L’attente n’était pas prévue dans leurs plans. Ils n’ont patienté qu’une vingtaine de minutes avant d’entrer, il y a quelques heures. « Là, c’est trop, ça n’a pas de bon sens », se plaint Michel avant de disparaître dans le trafic chaotique du stationnement.

Le gardien de sécurité à qui La Presse a parlé ne sait pas comment le centre commercial tient le compte exact du nombre de clients à l’intérieur. Cadillac Fairview, l’entreprise qui gère le Carrefour Laval ainsi que plusieurs autres centres commerciaux au Québec, n’a pas répondu à notre demande d’entrevue.

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Les entrées sont contrôlées devant le Carrefour Laval.

Depuis la fin novembre, Laval connaît une hausse fulgurante du nombre de cas de COVID-19 sur son territoire. Il s’agit actuellement de la région la plus touchée, avec une moyenne sur sept jours d’un peu moins de 37 cas pour 100 000 habitants, selon les dernières données disponibles, alors que la moyenne au Québec est d’un peu moins de 23.

La grande région de Montréal reste le moteur derrière le pic de nouvelles infections depuis quelques semaines. Force est de constater que cela n’a pas dissuadé les consommateurs d’aller magasiner en masse, puisqu’il y avait aussi des files d’attente devant de nombreux commerces au Quartier DIX30, sur la Rive-Sud de Montréal.

Dévaler les pentes en zone rouge

Une cinquantaine de kilomètres au nord du Carrefour Laval, l’ambiance au Sommet Saint-Sauveur est beaucoup plus détendue alors que s’amorce la première fin de semaine de ski en zone rouge. Les skieurs rencontrés à la montagne des Laurentides ne se formalisent pas outre mesure des restrictions nouvellement imposées et préfèrent profiter de cet après-midi ensoleillé.

« Les gens font attention, il n’y a pas de danger, constate Jean-François, de Mascouche, qui est venu skier avec sa famille. C’est bien organisé. Je trouve ça important que ça reste ouvert. Il faut que les gens puissent bouger. »

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Les skieurs doivent manger leur repas à l’extérieur dans les stations de ski en zone rouge.

Seule différence notable : la famille doit désormais manger son lunch à l’extérieur. « S’il fait - 20 °C, on va aller dans l’auto pour se réchauffer ou on va rester moins longtemps », poursuit-il.

Même son de cloche chez Eddie et Ross, venus respectivement de Vaudreuil et de Montréal. S’ils reconnaissent que l’expérience en zone rouge est « différente », notamment en ce qui a trait à la nourriture, ils ont l’intention de revenir tout au long de la saison.

C’est sûr qu’il y a moins de monde sur la montagne, ça aide.

Eddie, skieur au Sommet Saint-Sauveur

La montagne affichait complet pour les journées de samedi et dimanche et il ne reste que peu de billets pour quelques journées de la semaine prochaine. Le nombre de billets vendus a été limité par l’administration. Les détenteurs d’abonnements de saison peuvent, eux, venir skier en tout temps.

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Skieurs masqués faisant la file pour le télésiège au Sommet Saint-Sauveur, dans les Laurentides, samedi

À Bromont, en Estrie, La Presse a pu constater que les règles sanitaires semblaient là aussi respectées. La station est en zone rouge depuis le 12 novembre dernier.

En zone d’alerte maximale, les skieurs doivent enfiler leur équipement de ski dans le stationnement et porter un masque dans les files d’attente pour le télésiège. Les chalets sont ouverts, mais seulement pour accéder au bloc sanitaire et permettre aux skieurs de se réchauffer pour une période limitée. La nourriture doit être vendue et consommée à l’extérieur.

Les écoles de ski peuvent accueillir un maximum de huit élèves à la fois, et ceux-ci doivent porter un couvre-visage de type cache-cou.

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L’équipement doit être enfilé dans le stationnement, en zone rouge.

Daniel, instructeur au Sommet Saint-Sauveur, se réjouit que l’école de glisse puisse finalement ouvrir. « Jusqu’à lundi, on n’était pas sûrs que ça marcherait. Surtout que tous nos élèves sont en zone rouge, alors pour régler ça, Legault a mis tout le monde en zone rouge, et c’est plus facile pour tout le monde », a-t-il dit.

Bien que ce ne soit pas formellement interdit, le gouvernement recommande de ne pas se déplacer entre les régions, même celles qui se trouvent au même palier d’alerte.

Rappel des mesures en zone rouge

• Les déplacements interrégionaux ne sont pas recommandés, même entre deux régions en zone rouge.

• Les rassemblements privés intérieurs et extérieurs sont interdits.

• Les gens doivent maintenir une distance de 2 mètres avec les gens qui n’habitent pas à la même adresse.

• Le port du masque est obligatoire dans tous les commerces et dans toute manifestation.

• Il est interdit de recevoir de la visite, sauf pour les personnes seules qui peuvent recevoir une personne à la fois, pour les proches aidants, pour les personnes offrant un service ou du soutien et pour de la main-d’œuvre pour des travaux prévus.

• Les installations sportives intérieures peuvent ouvrir pour des activités se pratiquant seul, à deux ou avec des gens habitant à la même adresse. Des cours privés peuvent y avoir lieu, tant que la distance de 2 mètres est maintenue.

• Les activités sportives extérieures qui permettent de respecter la distance de 2 mètres sont autorisées pour des groupes jusqu’à 8 personnes.

• Les piscines intérieures et leurs vestiaires demeurent ouverts.

• Pour le temps des Fêtes, une personne habitant seule peut se joindre à une, et une seule, bulle familiale.

• Les restaurants, bars, casinos, centres d’amusement intérieurs et salles de spectacles sont fermés.