(Québec) Tout porte à croire que le premier ministre François Legault annoncera lundi ou mardi de nouvelles restrictions pour la période des Fêtes dans l’espoir de « casser » la deuxième vague de COVID-19 qui gonfle chaque jour.

Il a préparé les esprits et passablement télégraphié ses intentions en conférence de presse vendredi.

« La situation, actuellement, on ne peut pas tolérer qu'elle demeure au niveau où elle est là. Donc si la situation reste comme ça, on va être obligé d'ajouter des restrictions, à moins que les Québécois se mettent à respecter davantage les mesures qui sont en place », a-t-il soutenu, reprochant à une « minorité » d’ignorer les consignes sanitaires.

Or un renversement de tendance serait surprenant dans l’espace de deux ou trois jours à peine. En un mois, le nombre de cas de COVID-19 est passé de 1300 à 1700 par jour, alors que les hospitalisations ont bondi de 50 % au cours de la même période. Loin de se stabiliser, la situation empire chaque jour, ce qui pave la voie à un confinement encore plus strict.

« On est encore à 1700 cas aujourd'hui. On est rendus à presque 900 personnes hospitalisées. Donc, il faut prendre des mesures », a échappé le premier ministre.

« Je comprends que c'est dur, mais il faut comprendre que les prochaines semaines vont être critiques. » Les hôpitaux sont toujours engorgés en janvier, « imaginez-vous cette année avec la pandémie en plus ». « On ne peut pas prendre de chance. Il faut arriver en janvier avec le moins de cas, le moins d'hospitalisations possible. »

C’est pourquoi le gouvernement est en réflexion depuis quelques jours déjà au sujet d’un confinement plus strict.

« En début de semaine prochaine, on va prendre une décision à savoir est-ce qu'on ajoute aux restrictions actuelles », a affirmé François Legault. « Avec la Santé publique », le gouvernement est en train « d'identifier quels sont les endroits où il y a le plus d'éclosions, quels sont les endroits où une action, une restriction pourrait réduire le nombre de contacts et donc le nombre de cas ».

La Presse révélait mardi cette opération pour en arriver à un « confinement à la carte » comme on le dit au gouvernement, selon les secteurs d’activité, un confinement pouvant aller jusqu’à quatre semaines.

La période des Fêtes offre « une belle occasion pour casser la vague », selon le premier ministre. Déjà, les écoles seront fermées, et il n’y a aura pas d’activités sur les chantiers de constructions pendant deux semaines, par exemple. Québec a déjà demandé aux entreprises de favoriser le télétravail entre le 17 décembre et le début janvier.

« Il ne faut pas que les gens qui sont en vacances commencent à se rassembler parce qu'à ce moment-là, tout ce potentiel-là va être annulé », a prévenu François Legault. Il a déploré que certains tiennent des « partys de bureau ». « Ce n’est pas le temps cette année », a-t-il insisté.

« Dans un marathon, ce qui est le plus difficile, ce sont les derniers kilomètres. Ça vaut la peine de continuer de fair des efforts. » Il y a une « lumière au bout du tunnel », a-t-il rappelé, alors qu'« on va commencer à vacciner les premières personnes au Québec lundi », dans deux CHSLD de Montréal et de Québec.

Le premier ministre a tenu sa conférence de presse en compagnie de son ministre de la Santé, Christian Dubé, mais en l’absence du directeur national de santé publique, le Dr Horacio Arruda. M. Legault a plaidé que comme il s’agit de l’occasion de faire le bilan de la session du gouvernement, il valait mieux de ne pas mélanger santé publique et politique. « Ne vous inquiétez pas, le Dr Arruda va bien », a-t-il dit.

Le bilan de la COVID-19 continue à s’alourdir alors que le Québec rapporte vendredi 53 nouveaux décès, dont 19 en Mauricie-Centre-du-Québec. La province enregistre 1713 cas supplémentaires et le nombre d’hospitalisations grimpe également tandis que le risque de débordement des hôpitaux continue à inquiéter.

Devant la détérioration du bilan, le gouvernement a par ailleurs annoncé que les MRC des Pays-d’en-Haut et des Laurentides passaient désormais en alerte maximale, soit en zone rouge. Ainsi, les endroits prisés par les visiteurs comme Saint-Sauveur et Mont-Tremblant devront fermer leurs restaurants dès lundi.

Voyez les cartes des paliers d’alerte dans notre page de graphiques interactifs sur la COVID-19.

Ce lourd bilan s’explique principalement par l’ajout de 19 décès dans la seule région de la Mauricie-Centre-du-Québec. Montréal a également enregistré 12 décès. On dénombre par ailleurs six décès dans la Capitale-Nationale, cinq en Montérégie, quatre dans Lanaudière, trois au Saguenay-Lac-Saint-Jean, deux en Estrie et un en Outaouais.

Le bilan des décès variant beaucoup d’un jour à l’autre, l’ajout de ces 53 morts fait passer à 36 décès par jour la moyenne calculée sur une semaine. Elle était de 28 la semaine précédente.

Les 1713 nouveaux cas s’inscrivent également dans la tendance à la hausse observée. Calculée sur une semaine, la moyenne est présentement de 1735 nouveaux cas par jour. Cela représente une hausse de 25 % en une semaine.

On compte vendredi 871 personnes hospitalisées, soit 23 de plus que la veille. Le nombre de personnes aux soins intensifs a aussi augmenté de 10, pour s’établir à 123.

À noter, le Québec a réalisé un record de 37 473 tests mercredi.

Inquiétudes pour les hôpitaux

La hausse soutenue des hospitalisations au Québec en raison de la COVID-19 continue à inquiéter, alors qu’un débordement des hôpitaux hors du Grand Montréal durant les Fêtes est toujours jugé possible.

L’Institut national d’excellence en santé et en services sociaux (INESSS) a mis à jour ses projections sur l’impact de la pandémie sur les hôpitaux de la province. Face à la récente hausse de cas, on évalue que le nombre de personnes à risque d’être hospitalisées a augmenté de 18 %.

« Les projections démontrent que le nombre de lits désignés pour les patients de la COVID-19 devrait être suffisant pour le mois à venir, mais un dépassement des capacités ne peut être exclu dans certains hôpitaux », conclut l’INESSS.

Pour le Grand Montréal, « le nombre de nouvelles hospitalisations projetées demeure élevé », mais ne devrait pas entraîner de débordement.

Hors de la région métropolitaine par contre, on constate que 60 % des lits désignés pour les patients atteints de la COVID-19 sont déjà occupés. « Des dépassements des limites planifiées ne peuvent être exclus », en vient à noter l’INESSS.

Seul signe encourageant, la récente hausse marquée des cas est surtout concentrée chez les moins de 18 ans, moins à risque de complications de la COVID-19. Ce groupe a vu ses cas augmenter de 32 %. En comparaison, la hausse est de 11 % chez les 80 ans et plus. À noter, les constats de l’INESSS se basent sur les données colligées au 6 décembre et ne tiennent donc pas compte de la forte augmentation observée ces derniers jours.

« On sait que les prochaines semaines seront cruciales pour traverser cette pandémie, alors il ne faut surtout pas relâcher nos efforts collectifs, même si la vaccination est imminente. Nous devons maintenir le cap pour encore plusieurs semaines, tant et aussi longtemps qu’une masse critique de personnes ne seront pas immunisées. Mais on voit la ligne d’arrivée », a commenté le ministre de la Santé, Christian Dubé.

La COVID-19 en graphiques

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