(Québec) La commissaire à la santé et au bien-être, Joanne Castonguay, à qui Québec a confié le mandat d’examiner la performance du réseau de la santé dans les soins offerts aux aînés lors de la première vague de COVID-19, ne tiendra pas d’audience publique. Une décision que dénonce le Parti québécois, qui qualifie l’enquête d’« opaque ».

Le service des communications de la commissaire a confirmé à La Presse qu’aucune audience publique n’était prévue dans le cadre de l’enquête que lui a confiée le gouvernement Legault. « La réalisation de plus d’une centaine d’entrevues, d’un appel à témoignages et l’analyse poussée des données de la RAMQ et du MSSS est la voie privilégiée pour analyser la performance du système de soins aux aînés dans le contexte de la COVID-19 », a-t-on expliqué.

PHOTO OLIVIER JEAN, ARCHIVES LA PRESSE

La commissaire à la santé et au bien-être, Joanne Castonguay

Pour le Parti québécois, qui réclame de concert avec les autres partis de l’opposition la tenue d’une enquête publique et indépendante sur la gestion de la COVID-19 dans le réseau de la santé, cette façon de procéder est « opaque » et n’aidera pas au deuil des familles qui ont perdu un proche depuis le début de la pandémie.

PHOTO MARTIN TREMBLAY, ARCHIVES LA PRESSE

Harold LeBel, député du Parti québécois

[L’enquête] va faire partie du processus de deuil, de guérison, pour bien des familles qui ont perdu des aînés dans un CHSLD. C’est important que ça soit public pour que ces familles-là n’aient pas l’impression que tout est fait derrière des portes closes.

Harold LeBel, député du Parti québécois

« J’en suis que la commissaire est indépendante, mais je veux que l’enquête soit publique. Ça fait partie de la guérison de plusieurs familles de pouvoir comprendre ce qui s’est passé et de suivre les travaux de la commission », a-t-il poursuivi.

Par le passé, le premier ministre François Legault a affirmé avoir choisi de procéder avec une enquête de la commissaire à la santé et au bien-être, plutôt que par une enquête publique, « pour avoir des réponses rapidement ».

Diffuser des résultats préliminaires

Le service des communications de la commissaire Castonguay a également affirmé à La Presse qu’elle avait l’intention de « diffuser les résultats préliminaires liés à son mandat, de façon à informer le public et les décideurs, au fur et à mesure que des blocages et des dysfonctionnements seront identifiés ».

Dans le cadre de son mandat, Joanne Castonguay a « le mandat et les pouvoirs [qui] lui permettent de questionner très largement : intervenants, ministères, associations, syndicats, regroupements, des décideurs passés ou présents et le public en général. Les acteurs qui peuvent nous apporter un éclairage sur la performance du système de santé et de services sociaux au Québec seront rencontrés », nous a-t-on réitéré.

Le Commissaire à la santé et au bien-être souhaite aller au fond des choses et nous agirons avec indépendance et transparence.

Le service des communications de la commissaire à la santé et au bien-être, Joanne Castonguay, à La Presse

Questions sur la confidentialité

Le député Harold LeBel déplore toutefois qu’une disposition inscrite au formulaire de consentement remis aux personnes qui participent de façon volontaire à l’enquête de la commissaire donne le sentiment que « tout va être fait derrière des portes closes ».

Dans le formulaire, il est écrit que le participant a été « informé du caractère confidentiel de l’identité des participants ainsi que des renseignements et opinions partagés lors de la discussion de groupe [et qu’il s’]engage à en préserver le secret le plus entier et à ne rien révéler de ce dont [il] prendra connaissance dans le cadre de cette discussion ».

« Tout va être fait derrière des portes closes, et les gens qui vont participer à la commission ne pourront même pas intervenir sur la place publique, sauf pour parler de leur propre intervention », déplore M. LeBel.

« Personnellement, si j’allais à la commission et que j’entendais des choses de personnes qui ont vu ce qui s’est passé dans des CHSLD, puisque j’ai signé la feuille, je ne pourrais pas témoigner de ce que j’ai entendu. On fait tout pour s’assurer que rien ne sorte de la commission et que tout sorte de la bouche de la commissaire et de ce qu’elle va écrire », ajoute-t-il.

Le service des communications de la commissaire Castonguay a toutefois précisé à La Presse que « les participants peuvent très bien partager publiquement ce qu’ils ont, eux, indiqué lors des rencontres ».

« Cet engagement implique que la personne qui participe à une entrevue de groupe s’engage à ne pas divulguer les informations transmises par les personnes participantes à ce groupe qui pourraient permettre de les identifier et qu’elle s’engage à ne pas divulguer le nom des autres personnes ayant participé à l’entrevue avec elle à moins que ces personnes soient consentantes », a-t-on expliqué.

La commissaire à la santé et au bien-être doit livrer ses recommandations d’ici le 1er septembre 2021.