Alors que le Canada s’apprête à recevoir ses premières doses de vaccins, une nouvelle inquiétante secoue le monde agricole. Une ferme de visons de la Colombie-Britannique vient d’être placée en quarantaine après que des employés et des bêtes aient été déclarés positifs au virus SRAS-CoV-2.

Un article récemment publié dans la revue scientifique Nature a confirmé la chaîne de transmission du coronavirus de l’humain vers le vison et du vison vers l’humain. Au Danemark, la crainte qu’une nouvelle série de mutation du virus puisse compromettre la mise au point des vaccins contre la COVID-19 a engendré l’abattage de 17 millions de visons en novembre.

L’élevage canadien contaminé est situé dans la vallée du Fraser. Cinq échantillons ont été prélevés sur les visons, des animaux élevés pour leur fourrure.

« Après que plusieurs travailleurs de la ferme aient reçu un diagnostic positif à la COVID-19, des échantillons ont été prélevés sur des visons et envoyés à Winnipeg au laboratoire du Centre national des maladies animales exotiques de l’Agence canadienne d’inspection des aliments », a écrit le ministère de l’Agriculture, de l’Alimentation et des Pêches de la Colombie-Britannique dans un communiqué publié mercredi après-midi.

« Des analyses sont en cours pour déterminer le séquençage du génome et la souche du virus. Nous attendons les résultats dans les prochaines semaines », ajoute la dépêche.

L’Organisation mondiale de la santé animale a été avisée.

À l’heure actuelle, on ne sait pas si un vison a retransmis le virus à un humain, a précisé Dave Townsend, porte-parole au ministère de l’Agriculture, de l’Alimentation et des Pêches de la Colombie-Britannique.

Le vétérinaire en chef de la province a placé la ferme sous un ordre qui empêche le déplacement des visons ou du matériel de la ferme. « Un plan est en place pour nourrir et offrir des soins aux visons durant cette éclosion », affirme le ministère.

1 million de visons au Canada

En entrevue avec La Presse, la semaine dernière, le vétérinaire en chef du Canada, le DJaspinder Komal, a souligné, qu’au Canada, les fermes de visons sont très dispersées les unes des autres sur le territoire.

Selon le DKomal, 120 fermes d’élevage de visons sont enregistrées au pays, dont 70 sont présentement « en fonction ». « Ces fermes-là comptent ensemble un million de bêtes », a-t-il précisé.

Il explique que l’on ne peut pas comparer la situation canadienne à celle du Danemark. « Les 17 millions de visons tués étaient gardés en production dans un espace qui est équivalent de l’île de Vancouver », dit-il.

Le communiqué de la Colombie-Britannique souligne d’ailleurs que l’éclosion survenue dans la vallée du Fraser n’est pas considérée comme un risque pour d’autres élevages.

Et au Québec ?

Le Québec compterait très peu d’élevages de visons, mais le ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation (MAPAQ) refuse d’en confirmer le nombre, estimant que révéler ce chiffre rend ces entreprises à risque d’être visitées par des militants antispécistes.

« Les impacts possibles que pourrait engendrer ce virus qui a muté, pour l’élevage du vison au Québec, sont très limités. Les mesures de prévention ont été rappelées au Québec. Aucun impact n’est anticipé pour d’autres types d’élevages. Au total, on parle de près de 12 000 femelles reproductrices qui sont enregistrées », écrit le MAPAQ dans un courriel qu’il nous a fait parvenir.

Le MAPAQ aussi fait parvenir une lettre aux éleveurs de visons le 1er mai dernier pour les alerter que des cas venaient d’être recensés au sein de deux élevages des Pays-Bas.

« Une augmentation des mortalités de vison a été notée dans ces élevages, ainsi que des signes respiratoires et gastro-intestinaux. Ces infections sont considérées comme étant le résultat d’une transmission des humains vers les animaux », peut-on lire dans la missive, obtenue La Presse. « Nous vous invitons à […] éviter tout contact entre vos visons et autres animaux avec une personne qui aurait des symptômes compatibles avec la COVID-19 », ajoute la lettre.