Le portrait des éclosions dans les services de garde de Montréal révèle qu’une centaine de cas de COVID-19 ont été recensés depuis le début de la deuxième vague et qu’ils ont été causés en bonne partie par la négligence d’adultes. Mais une fraction d’entre eux seulement ont mené à une éclosion, ce qui démontre qu’il s’agit de « milieux à faible risque ».

Le document de l’Équipe de prévention et de gestion des éclosions en milieux de garde de la Direction régionale de santé publique de Montréal (DRSP), obtenu par La Presse, fait état de 132 cas confirmés depuis le 26 août dernier dans les 1220 services de garde en installation de la métropole et 1748 en milieu familial.

Les deux tiers des cas d’infection ont touché des membres du personnel (87), alors que les enfants comptent pour le tiers restant (45).

« Pour les services de garde, nos données témoignent que ce sont des milieux à faible risque, explique en entrevue la Dre Catherine Dea, responsable médicale du service périnatalité et petite enfance à la DRSP de Montréal. Les milieux de garde sont vraiment des milieux rassurants. Et pour l’instant, autant dans nos observations terrain que dans la littérature, la pandémie ne semble pas être causée ou exacerbée par la transmission par les enfants. »

Fait à souligner, « le port inconstant ou non conforme des équipements de protection individuelle et la distanciation de moins de 2 mètres entre adultes » sont responsables de pas moins de 61 % des cas de COVID-19.

« On a pris la peine d’analyser vraiment bien nos données d’enquête pour réaliser que la majorité des éclosions auraient pu être prévenues par des mesures sanitaires », affirme la Dre Dea. Une équipe de prévention similaire à la sienne a aussi été mise en place pour les milieux scolaires et les constats sont similaires : un relâchement est observé dans quelques milieux où, par exemple, le masque peut être « porté sous le nez ou pas porté dans la salle du personnel ».

Parmi les autres facteurs de transmission les plus fréquemment identifiés lors des éclosions, on évoque aussi la présence de personnes symptomatiques dans le milieu de garde ainsi que la rotation de personnel.

La bonne nouvelle du rapport réside dans le faible nombre d’infections qui se sont répandues, à la fois dans le service de garde et à l’extérieur. On note en effet que parmi les situations où au moins un cas de COVID-19 a fréquenté un service de garde, « 67 % n’ont généré aucun cas secondaire ». À peine 33 % ont donc mené à une véritable éclosion (18 cas). Et la majorité de ces dernières (61 %) ont été de faible envergure (2 à 5 cas).

J’ai l’impression que nos données viennent corriger le tir par rapport à certaines perceptions qui peuvent circuler dans la population à l’effet qu’il y aurait vraiment beaucoup de transmission par les enfants.

Dre Catherine Dea, responsable médicale du service périnatalité et petite enfance à la DRSP de Montréal

Notons que lors de la réouverture des services de garde au printemps dernier, la Direction régionale de santé publique Montréal avait créé une équipe de prévention contre la propagation de la COVID-19 pour gérer spécifiquement les éclosions dans ces milieux. C’est cette division qui a produit le portrait en question.

« Les différents constats établis dans ce bulletin, peut-on y lire, confirment la pertinence du modèle adopté par l’équipe de la DRSP de Montréal pour soutenir les services de garde, soit une équipe d’intervenants dédiée à prévenir et à gérer les éclosions, et un comité régional invitant les différentes associations de services de garde à communiquer sur une base régulière les défis vécus sur le terrain. »