La deuxième vague de COVID-19 entraîne énormément de stress chez les parents québécois de jeunes enfants, révèle un sondage obtenu par La Presse qui doit être publié ce mardi. Plus encore que lors de la première vague, la perspective qu’un membre de la famille tombe malade ou que les garderies ferment leurs portes, ou le fait de ne pas avoir le soutien des proches, pèsent lourd. Les effets de la crise se font sentir jusque dans les comportements des tout-petits, qui sont plus nombreux à être agités et irritables. Survol.

« Les sources de stress s’accumulent »

D’abord, 51 % des parents d’enfants de 0 à 5 ans disent vivre un niveau de stress élevé ou très élevé à cause de la COVID-19 ; 30 % estiment que c’est pire que durant la première vague, révèle un sondage de la firme Léger réalisé pour le compte de l’Observatoire des tout-petits. « Ça nous confirme quelque chose dont on se doutait, soit que les sources de stress s’accumulent au sein des familles avec la pandémie », dit Fanny Dagenais, directrice de l’Observatoire. Elle s’inquiète notamment du fait que de nombreux parents (44 %) admettent avoir de la difficulté à garder leur calme avec leurs enfants. « Pour nous, il y a une petite lumière rouge qui s’allume. Le stress des parents peut avoir un impact sur la relation parent-enfant et sur le stress de toute la maisonnée. »

Des inquiétudes multiples

Les sources de stress sont particulièrement nombreuses dans le contexte actuel. Parmi ce qui préoccupe le plus les parents, notons, dans l’ordre :

· la menace que l’enfant ou un membre de la famille attrape la COVID-19 ;

· le fait de ne pas pouvoir voir les proches ;

· une nouvelle fermeture des écoles et des garderies ;

· les mesures de confinement exigées si l’enfant présente des symptômes de COVID-19 ;

· la conciliation travail-famille.

Un parent sur quatre s’inquiète plus qu’avant à cause de sa situation financière.

« Pour les familles plus vulnérables, il y a encore plus de stress, note Fannie Dagenais. Des gens qui n’avaient pas de hauts revenus, mais qui s’en sortaient, se retrouvent tout d’un coup dans les banques alimentaires ou n’arrivent pas à payer le loyer. Le fait d’être toujours chez soi quand on a un petit logement en mauvais état n’a pas le même impact non plus. »

Des impacts chez les enfants

On pourrait croire que les effets de la pandémie n’ont pas d’impact pour les enfants d’âge préscolaire, qui ont peu conscience de ce qui se passe. Leurs parents sont toutefois nombreux à constater des changements dans leur humeur et leur comportement. « Quand un parent va moins bien, ça finit par se rendre au tout-petit », note Mme Dagenais. Ainsi, 39 % des répondants disent que leurs bambins sont plus irritables qu’avant la pandémie, 34 % les trouvent plus agités et 25 % notent qu’ils pleurent plus souvent. Les parents sondés admettent aussi que la COVID-19 a des impacts directs sur leurs capacités parentales : 72 % peinent à limiter le temps d’écran et 56 % ont de la difficulté à favoriser un mode de vie actif. La bonne nouvelle ? Trois parents sur quatre se réjouissent d’avoir plus de temps à accorder à leur progéniture.

Quelles solutions?

Ce qui inquiète particulièrement Fannie Dagenais, c’est qu’alors que les parents de jeunes enfants admettent d’emblée souffrir, ils ne vont pas chercher d’aide. En effet, ils sont 79 % à n’avoir utilisé aucun service ou ressource de soutien parental. « Pour moi, c’est un petit choc. Est-ce que c’est parce qu’ils ne connaissent pas les ressources ? Est-ce qu’il y a des barrières à l’accès, ou est-ce que c’est une question de norme sociale, que tout le monde se dit que c’est pour les autres ? » Alors qu’aucun relâchement dans les mesures de distanciation ne se profile, Mme Dagenais invite ceux qui en ont besoin à aller chercher de l’aide. Elle invite aussi les Québécois qui connaissent de jeunes parents à les appeler. « Prenez des nouvelles. Demandez comment ça se passe. Des fois, c’est tout ce que ça prend. »

Sur le sondage

La firme Léger a réalisé un sondage web auprès de Québécois, âgés de 18 ans et plus, parents d’enfant(s) âgés de 0 à 5 ans, entre le 29 octobre et le 2 novembre 2020. Un total de 501 répondants a rempli la totalité du questionnaire. Les données finales du sondage ont été pondérées selon l’âge et la région afin d’assurer un échantillon représentatif de la population québécoise. Aux fins de comparaison, un échantillon probabiliste de 501 répondants aurait une marge d’erreur de 4,38 %, et ce, 19 fois sur 20.