(Ottawa) Erin O’Toole et Yves-François Blanchet sont tous les deux en attente de leurs résultats pour leurs tests de dépistage de la COVID-19, mais seul l’un d’entre eux a bénéficié d’un nouveau service offert et payé par la Chambre des communes pour éviter la file d’attente.

Les deux chefs de partis politiques se sont isolés de façon préventive après avoir été en contact, chacun de leur côté, avec un employé qui a reçu un test positif.

Le chef du Parti conservateur a publié une déclaration jeudi matin, après avoir subi son test de dépistage à Gatineau. Il était accompagné de sa conjointe et de leurs deux enfants.

Les O’Toole avaient tenté, mercredi, d’aller au centre d’évaluation de Santé publique Ottawa, mais ils ont rebroussé chemin après avoir fait la file pendant « des heures », le centre ayant atteint sa capacité maximale.

C’est alors que le chef conservateur s’est tourné vers la Chambre des communes, qui rend des tests de dépistage disponibles pour les députés et les membres de leur famille dans des délais plus courts.

PHOTO JUSTIN TANG, LA PRESSE CANADIENNE

Yves-François Blanchet et sa conjointe Nancy Déziel.

L’administration des Communes a décidé d’ajouter des « services supplémentaires pour répondre aux besoins précis des députés, y compris, exceptionnellement, des tests de dépistage de la COVID-19 », a offert en guise d’explications Heather Bradley, directrice des communications du bureau de la présidence de la Chambre.

« Au cours des derniers mois, la plupart des députés ne se sont pas trouvés à Ottawa, mais, comme la demande augmente, le médecin sur appel peut organiser un test de dépistage de la COVID-19 pour les députés et leurs familles. Les coûts liés à ce service sont couverts par la Chambre », a écrit Mme Bradley dans un courriel.

Or, ce service n’avait pas été offert aux députés du Bloc québécois qui se sont trouvés dans la même situation fâcheuse deux jours avant M. O’Toole

« On a demandé au Parlement de nous organiser quelque chose parce que 30 élus avaient besoin de tests. On s’est fait dire que le Parlement ne pouvait rien faire pour nous autres », s’est étonné Yves-François Blanchet en entrevue téléphonique avec La Presse canadienne.

« Mais quand M. O’Toole a dit : « Je suis fâché, fâché, fâché parce que c’est trop long, je boude », là, le Parlement lui a trouvé quelque chose. Mais nous, on n’a eu droit à aucune aide du Parlement, on est allé chercher individuellement nos propres tests », s’est indigné le chef bloquiste.

M. Blanchet avait d’ailleurs partagé mercredi sur les réseaux sociaux une photo de lui, masque avec des drapeaux du Québec au visage, au moment de subir son test de dépistage dans un centre d’évaluation à Shawinigan, où il réside.

Silence radio du PCC

L’employé conservateur à l’origine de la mésaventure de M. O’Toole est passé par Montréal, plus tôt cette semaine.

Il a accompagné son patron notamment en marge de sa rencontre avec le premier ministre du Québec, François Legault, lundi, selon ce qu’a pu confirmer La Presse canadienne.

Ewan Sauves, porte-parole de M. Legault, assure cependant que cette personne n’a pas été en contact direct avec le premier ministre. Elle ne l’a pas non plus croisé avant ou après la rencontre, selon M. Sauves.

M. Legault a déjà indiqué sur les réseaux sociaux avoir consulté à cet effet la santé publique, qui a déterminé qu’il s’agissait d’une exposition à faible risque. Il ne s’est donc pas placé en isolement préventif et n’a pas non plus subi un test de dépistage.

Cet employé de M. O’Toole pourrait, cependant, avoir assisté à la mêlée de presse tenue à l’issue de cette rencontre.

Des journalistes sur place, consultés par La Presse canadienne, disent qu’ils n’ont été contactés ni par la santé publique ni par l’équipe de M. O’Toole pour les avertir du possible risque encouru.

L’attachée de presse du parti, Kelsie Chiasson, s’est refusée à tout commentaire.

« Nous n’allons pas commenter sur des cas individuels. Si les gens ont des préoccupations, je les encourage à contacter leurs agences de santé publique locales avec toute question […] qu’ils pourraient avoir », a-t-elle dit.