(Québec) La deuxième vague de COVID-19, attendue à l’automne, pourrait bien être une deuxième vague d’improvisation déferlant sur le Québec.

C’est du moins ce que craint la cheffe de l’opposition officielle, Dominique Anglade, qui ne cache pas son inquiétude.

Elle estime que le gouvernement Legault n’a pas su prévoir l’éclosion de la pandémie au Québec, au printemps, avec les résultats que l’on connaît, et tout indique que ce scénario risque fort de se répéter à l’automne, a-t-elle commenté, mercredi, lors d’une longue entrevue à La Presse Canadienne, dans un café de Québec, en prévision de la rentrée parlementaire.

La nouvelle cheffe libérale effectue présentement une tournée des régions, avant la rentrée de septembre, qui risque d’être monopolisée par le deuxième acte de la gestion de la crise sanitaire.

« J’ai peur qu’on assiste à une deuxième vague d’improvisation. Et ça, il faut vraiment l’éviter », selon Mme Anglade, qui ne se montre pas rassurée par les discours émanant du gouvernement.

Elle insiste : « Il faut qu’on dise les vraies choses : c’est un gouvernement qui n’a rien anticipé », lors de la première vague de transmission du virus, qui a infecté quelque 60 000 personnes et fauché la vie de plus de 5000 malades à ce jour.

Elle donne l’exemple de la rentrée scolaire, dans quelques semaines, qui laisse croire, selon elle, « qu’encore une fois c’est un gouvernement qui n’anticipe pas » les problèmes.

Elle affirme que le réseau de l’éducation n’accorde plus aucune crédibilité au ministre de l’Éducation, Jean-François Roberge, qui doit déposer la semaine prochaine un plan révisé des mesures sanitaires préconisées lors du retour en classe.

Mère de trois enfants d’âge scolaire, elle reproche au ministre de ne pas avoir fourni « le début d’une réponse » aux mille et une questions que les parents et les enseignants se posent depuis des mois sur la façon dont les choses devront se passer en classe.

« Ça me sidère », tranche Mme Anglade, qui se dit très à l’aise dans ses nouvelles fonctions de chef de parti.

Elle fait le même constat sur la gestion de la crise dans le réseau de la santé, se montrant particulièrement préoccupée par les reports de milliers de chirurgies, en raison du délestage commandé par le gouvernement au printemps pour libérer des milliers de lits dans les hôpitaux.

Gestion d’Arruda critiquée

Le choix du premier ministre François Legault de confirmer récemment le Dr Horacio Arruda dans ses fonctions de directeur national de la santé publique lui apparaît aussi fort discutable.

Elle reproche au Dr Arruda, qui « dit une chose et son contraire », d’avoir refusé de répondre de ses actes. « Il n’a pas répondu aux questions, des questions qui sont essentielles » sur sa gestion du dossier durant les deux mois précédant l’éclosion de la crise, en janvier et février, alors que, sur la scène internationale, les signes d’une pandémie se multipliaient.

« Comment ça se fait qu’on n’a pas anticipé ? » la crise au Québec, s’interroge-t-elle, en soulignant que le gouvernement avait trop tardé, ayant attendu le 9 mars avant de créer une cellule de crise.

Elle rappelle aussi que le Québec, contrairement à la Colombie-Britannique, n’a jamais prohibé le transfert d’employés dans les résidences de personnes âgées, une cause importante de propagation du virus, et que le personnel du réseau de la santé avait failli devoir composer avec une pénurie d’équipement médical, au printemps.

Projet de loi 61 : prise 2

Mme Anglade promet de jouer plus que jamais son rôle de « chien de garde » à l’Assemblée nationale, dans ses souliers de cheffe de l’opposition officielle, alors qu’on sait que le gouvernement ne tardera pas à déposer une nouvelle mouture de son projet de loi 61, destiné à relancer l’économie en accélérant le traitement de centaines de projets d’infrastructures.

Ce projet de loi, défendu par le ministre Christian Dubé, est mort au feuilleton en juin, décrié par tous les partis d’opposition. C’est la ministre Sonia LeBel qui prendra le relais.

Il ne fait « aucun doute » dans son esprit que le gouvernement Legault, de façon « cynique » et « autoritaire », s’est servi alors de la crise sanitaire pour contourner les règles en vigueur et s’arroger de nouveaux pouvoirs.

Elle promet donc de critiquer le gouvernement sans ménagement, chaque fois que nécessaire, mais s’engage aussi à présenter des idées et proposer des solutions.