La situation « très fragile » de Montréal comme épicentre de la pandémie de COVID-19 force une révision du plan gouvernemental de déconfinement. Seuls les commerces peuvent encore espérer rouvrir le 25 mai si la population suit la recommandation de porter un masque.

Le premier ministre, François Legault, a présenté l’état de la situation lors d’un point de presse à Montréal, une première depuis le début de la pandémie. « La situation évolue et c’était important de venir », a-t-il indiqué.

Selon lui, les conditions ne sont pas réunies pour un retour aux activités normales dans le Grand Montréal. L’accélération du dépistage des infections n’atteint toujours pas l’objectif de 14 000 tests par jour, le nombre d’hospitalisations ralentit un peu, mais la baisse des morts n’est pas significative. En outre, il manque quelques milliers de travailleurs dans les hôpitaux si la propagation du virus devait connaître un sursaut important, a expliqué le premier ministre.

« Quand on regarde la situation dans son ensemble, la situation reste très fragile à Montréal », a-t-il déclaré.

Le masque permettrait la réouverture des commerces 

Pour convaincre la Santé publique de la réouverture des commerces le 25 mai, il faut que les Montréalais adoptent le masque dans leurs sorties quotidiennes, notamment à l’épicerie et, surtout, dans les transports en commun, a prévenu M. Legault.

Ce dernier n’exclut pas la possibilité d’obliger les usagers du métro à porter un masque ou un couvre-visage. Les partis de l’opposition à l’Assemblée nationale ainsi qu’à l’hôtel de ville de Montréal le réclament. Dans l’immédiat, le masque est fortement recommandé.

Le gouvernement Legault versera une aide de 5 à 6 millions aux municipalités de la métropole, mais surtout aux sociétés de transport pour l’achat de masques. Et Québec fournira lui-même des masques.

« C’est pas simple. Un million de masques, c’est une chose, dix millions de masques, c’est pas mal plus compliqué », a affirmé M. Legault.

« Cette aide va nous permettre de faire une distribution massive [de masques] à la population », a souligné la mairesse de Montréal, Valérie Plante.

Cette distribution massive est envisagée notamment dans le métro et les quartiers particulièrement touchés par la crise sanitaire. Aucune date n’est toutefois prévue.

Outre le port du masque, le premier ministre a rappelé que « les chiffres » devront s’améliorer dans la métropole pour envisager le déconfinement commercial. Jusqu’à maintenant, la contamination communautaire demeure soutenue dans l’île de Montréal.

En date du 13 mai, on y dénombrait 20 633 personnes infectées, ce qui correspond à la moitié de tous les cas confirmés de COVID-19 au Québec. En additionnant les cas répertoriés à Laval et en Montérégie, on constate que trois Québécois sur quatre ayant reçu un test positif habitent le territoire.

Des solutions à trouver 

En fin d’après-midi jeudi, M. Legault a rencontré les 16 PDG des CIUSSS et des CISSS du vaste territoire de la Communauté métropolitaine de Montréal. En conférence de presse, il a affirmé avoir plusieurs questions à leur poser afin de comprendre pourquoi il y a autant d’infections et de morts dans la région. Il a dit s’attendre à ce qu’on lui présente des solutions.

M. Legault a toutefois reconnu que les gestionnaires avaient un défi important de coordination dans le contexte de la pandémie. Leur capacité à agir auprès des établissements privés est limitée, ce qui s’ajoute à la lourdeur des structures mises en place avec la réforme du précédent gouvernement.

« À moyen terme, il va sûrement falloir se reposer des questions sur la gouvernance et comment rendre ça plus efficace, comment s’assurer que les directives pour limiter les infections soient respectées. […] Mon objectif, ce n’est pas de trouver des coupables, mais de trouver des solutions », a-t-il précisé.