Au tour de l’Ordre des infirmières et infirmiers du Québec de plaider pour que ses membres puissent avoir droit à des vacances, à des périodes de repos, elles qui sont en première ligne depuis le début de la pandémie de coronavirus.

En entrevue mercredi, Luc Mathieu, président de l’Ordre, a ainsi appuyé la demande de la FIQ pour que les établissements permettent à ses membres de prendre du repos.

« Les demandes de la FIQ sont légitimes, compte tenu du contexte actuel. Il faut trouver un équilibre entre la présence au travail, qui est requise par la pandémie, et le fait de devoir se reposer, refaire ses forces », a estimé M. Mathieu.

La Fédération interprofessionnelle de la santé (FIQ), qui représente 76 000 infirmières, infirmières auxiliaires et autres professionnelles en soins, fait même campagne à ce sujet depuis quelques jours.

« Au début, c’était en mode sprint. Mais là, on est rendu à neuf semaines d’urgence sanitaire et les infirmières sont épuisées », a-t-il ajouté. Sauf que les services doivent aussi être dispensés.

Plusieurs sont épuisées, éprouvent de la détresse, se sentent parfois abandonnées et ont en plus de la difficulté à obtenir des périodes de repos, a rapporté M. Mathieu.

« Qui dit protection du public dit professionnelles en soins en santé physique et mentale », a conclu M. Mathieu.

Il invite donc la FIQ et les employeurs à s’asseoir pour trouver des moyens d’accorder des périodes de repos, mais tout en assurant les services.

Il admet que ce ne sera pas facile, mais des efforts doivent être déployés pour trouver des façons d’y parvenir, tant pour la santé physique que mentale, à court, moyen et long termes des travailleurs de la santé.

Soutien psychologique

L’Ordre des infirmières fait d’ailleurs partie des 10 ordres professionnels qui ont récemment signé une lettre conjointe, adressée au gouvernement Legault, qui lui demandent d’offrir du soutien psychologique de proximité au personnel du réseau de la santé.

Les ordres y font valoir que dans un souci de protection de leurs membres et du public, il faut apporter au personnel du réseau de la santé du soutien psychologique de proximité.

M. Mathieu estime que les Programmes d’aide aux employés (PAE) ne suffisent plus, vu le contexte actuel.

« Nous demandons une reconnaissance particulière de leur détresse, de l’usure induite », écrivent les ordres, dans leur lettre, adressée au premier ministre François Legault et à la ministre de la Santé et des Services sociaux, Danielle McCann.

M. Mathieu suggère par exemple « des équipes mobiles d’intervention » qui pourraient venir faire du « debriefing » auprès des travailleuses épuisées, un peu comme lors d’un « syndrome post-traumatique ».

Les moyens peuvent varier. Il propose par exemple d’effectuer une recension des meilleures pratiques qui existent en la matière.

En plus de l’Ordre des infirmières, la lettre a aussi été signée par le Collège des médecins, l’Ordre professionnel des criminologues, l’Ordre des conseillers en orientation, l’Ordre des ergothérapeutes, l’Ordre des orthophonistes et audiologistes, l’Ordre des psychoéducateurs, l’Ordre des psychologues, l’Ordre des sexologues et l’Ordre des travailleurs sociaux et thérapeutes conjugaux et familiaux.