Frappée par une éclosion de COVID-19 qui a infecté 64 travailleurs, l’usine de transformation de la viande de Cargill à Chambly fermera temporairement ses portes, a appris La Presse.

« Puisque la santé et la sécurité des employés de Cargill demeurent notre priorité, nous avons décidé de fermer notre usine de production de protéines à Chambly, au Québec. Cargill travaille en étroit partenariat avec les responsables locaux de la santé et le syndicat pour tester nos employés le plus rapidement possible », a indiqué l’entreprise dans un communiqué qu’elle nous a fait parvenir tard samedi soir.

Pour prévenir le gaspillage alimentaire, l’usine de 500 employés suspendra ses activités à compter de mercredi. Le ralentissement de la cadence de travail débutera toutefois dès maintenant.

« On espère qu’en faisant cette pause-là, ça va permettre de régler la situation », a indiqué Roxane Larouche, porte-parole du syndicat des Travailleurs et travailleuses unis de l’alimentation et du commerce (TUAC).

Elle précise que tous les travailleurs qui le souhaitent seront testés. 

Tant et aussi longtemps qu’ils n’auront pas le résultat des tests, [la direction] ne rouvrira pas l’usine.

Roxane Larouche, porte-parole du syndicat des Travailleurs et travailleuses unis de l’alimentation et du commerce

Selon le syndicat, environ 171 employés sont en isolement volontaire depuis le début de l’éclosion, soit parce qu’ils ont reçu un diagnostic positif, soit parce qu’ils ont été en contact étroit avec un travailleur déclaré positif ou qui présentait des symptômes.

Un phénomène nord-américain

Partout en Amérique du Nord, les usines de transformation alimentaire et les abattoirs sont particulièrement frappés par le coronavirus. Le plus gros foyer d’éclosion au Canada s’est d’ailleurs déclaré dans un abattoir appartenant à l’entreprise Cargill à High River, en Alberta. Près de 1000 travailleurs y ont été infectés.

Au Québec, l’usine d’abattage et de désossage d’Olymel à Yamachiche a dû fermer deux semaines à la suite d’une importante éclosion. Début mai, on y recensait 129 cas.

La mise en place de mesures de distanciation sociale dans plusieurs usines de transformation du porc au Québec a engendré des ralentissements dans la cadence d’abattage. Résultat : les porcheries débordent actuellement au Québec et les producteurs craignent de devoir euthanasier des bêtes, faute d’espace.

Dans une étude publiée le 1er mai par les Centers for Disease Control and Prevention (CDC), on rapportait que 4913 travailleurs d’usines de transformation de la viande ou de la volaille avaient reçu un diagnostic positif de COVID-19 aux États-Unis. Au sud de la frontière, on déplorait par ailleurs 20 décès à cette date.

La distanciation physique de deux mètres est difficile à appliquer dans les usines de transformation de la viande. Le virus SARS-CoV-2 a d’ailleurs tendance à survivre plus longtemps dans les milieux humides.

Mesures mises en place

Après l’éclosion survenue à l’abattoir Olymel de Yamachiche, l’Institut national de santé publique du Québec a publié un guide pour aider les entreprises à empêcher la propagation du virus.

Lorsque l’éloignement est impossible, on suggère notamment d’installer des séparateurs physiques entre les postes de travail. L’usine Cargill de Chambly a d’ailleurs déjà installé des plexiglas.

Comme les normes évoluent constamment dans la lutte contre ce virus, nous continuons d’apprendre et d’améliorer la manière dont nous réagissons pour protéger nos employés et maintenir le système alimentaire en fonction.

Extrait d’un communiqué de Cargill

La Direction de santé publique (DSP) de la Montérégie n’a pas répondu aux questions de La Presse, samedi soir. Dans un courriel qu’elle nous a fait parvenir vendredi, sa porte-parole, Chantal Vallée, a toutefois indiqué que la DSP « intervenait » dans cette usine depuis le 25 avril. À cette date, il y avait 10 cas.

Parmi les mesures mises en place, elle cite le port d’équipement de protection individuelle comme le masque, la visière ou les lunettes lorsqu’une personne doit travailler à deux mètres d’un autre travailleur et l’augmentation de la fréquence de nettoyage et de désinfection des surfaces de travail.

« Nous accordons jusqu’à 80 heures de congé payé aux personnes ayant besoin de s’absenter du travail pour faire face à la COVID-19. Pendant l’arrêt des activités de l’usine, les employés seront payés jusqu’à 36 heures – et à cela s’ajoutent les avantages habituels, car nous souhaitons démontrer notre gratitude envers nos employés », a par ailleurs ajouté Cargill dans le courriel qu’elle nous a fait parvenir.