Un médicament développé pour l’Ebola semble montrer des résultats prometteurs sur des patients sévèrement atteints par la COVID-19, selon des données préliminaires et partielles dévoilées jeudi par la publication spécialisée en journalisme de santé STAT.

Les journalistes de STAT ont eu accès à une discussion vidéo entre des spécialistes qui supervisent une partie de l’étude visant à vérifier le potentiel du remdesivir contre la COVID-19. Ce médicament avait été développé en 2015 contre l’Ebola par l’entreprise américaine Gilead. Les études n’avaient toutefois pas été terminées, car l’épidémie s’était essoufflée. Depuis le début de la pandémie contre la COVID-19, le remdesivir fait partie des médicaments qui suscitent le plus d’espoir.

Les données dévoilées par STAT portent sur 125 patients recrutés par l’Université de Chicago dans le cadre d’une étude. Du lot, 113 étaient atteints « sévèrement ». Or, après avoir été traités quotidiennement avec le remdesivir, la plupart d’entre eux auraient reçu leur congé de l’hôpital. Les scientifiques affirment que le médicament semble faire rapidement baisser la fièvre et les symptômes respiratoires.

« La meilleure nouvelle est que la plupart de nos patients ont quitté l’hôpital, ce qui est formidable. Seulement deux patients ont péri », affirme Kathleen Mullane, de l’Université de Chicago, dans des propos rapportés par STAT et tenus pendant la vidéoconférence avec des collègues.

S’ils sont encourageants, ces résultats sont toutefois à prendre avec des bémols. Ils ne portent que sur une portion de l’étude sur le remdesivir, qui inclut en tout 2400 patients atteints sévèrement de la COVID-19 sur 152 sites différents. Aucune comparaison avec un groupe placebo n’est offerte, ce qui complique aussi l’analyse. Notons Gilead teste également son médicament sur 1600 patients qui ressentent des effets modérés de la COVID-19.

« Tout ce que nous pouvons dire pour le moment, c’est que nous avons hâte que les données des études en cours soient disponibles », s’est contenté de commenter l’entreprise Gilead à STAT.

La semaine dernière, une étude publiée dans le New England Journal of Medecine et menée sur une petite cohorte de patients (53) avait montré que le remdesivir avait permis d’améliorer le sort de 68 % d’entre eux. Encore une fois, aucun bras placebo n’avait permis d’établir une comparaison. Deux études menées en Chine sur le même médicament avaient dû être interrompues, faute de nouveaux patients.