Déploiera, déploiera pas ? Alors que les besoins de personnels sont plus que criants dans les CHSLD, le gouvernement de Justin Trudeau n’a toujours pas reçu de demande officielle de Québec d’envoyer l’armée en renfort – un scénario qui n’est pas envisagé « pour le moment », a-t-on signalé mercredi au bureau du premier ministre François Legault.

Le premier ministre Justin Trudeau a affirmé en conférence de presse qu’il était « en train de discuter avec Québec et les autres provinces pour voir comment on [pourrait] envoyer plus de ressources », ajoutant que le fédéral allait « répondre à toute demande qu’ils vont nous faire sur quoi que ce soit. On est là pour aider ».

Le président du Conseil du Trésor, Jean-Yves Duclos, a plus tard évoqué des « discussions très importantes » entre les deux gouvernements. « C’est possible que ces discussions mènent à des demandes bien spécifiques », a-t-il indiqué dans une autre conférence de presse, sans donner plus de détails sur la teneur des discussions.

« On sait que c’est très difficile dans les CHSLD, particulièrement au Québec. On sait que le gouvernement du Québec travaille fort. [L’armée], c’est vraiment une capacité d’appui. Les Forces armées sont là pour aider, mais elles sont là pour aider si c’est le gouvernement du Québec qui prend le leadership », a ajouté Jean-Yves Duclos.

PHOTO ADRIAN WYLD, LA PRESSE CANADIENNE

Jean-Yves Duclos, président du Conseil du Trésor

Il n’est toutefois pas question que les Forces armées canadiennes interviennent sans que le Québec l’ait demandé, rappelle Ottawa.

« Pas envisagé pour le moment »

Du côté du gouvernement québécois, le premier ministre François Legault a réitéré qu’il avait demandé si « des personnes de l’armée qui ont des qualifications en santé » pourraient venir prêter main-forte dans les CHSLD, « par exemple pour faire le travail d’infirmière ». À son bureau, on a cependant indiqué à La Presse en début de soirée qu’une demande de déploiement de l’armée « n’était pas envisagée pour le moment ».

Au ministère de la Défense nationale, on signalait mardi que le 1er Hôpital de campagne du Canada, une unité militaire qui fournit « des capacités médicales et chirurgicales aux forces militaires en déploiement au Canada et à l’étranger », n’avait pas encore été sollicité. Au sein de l’effectif, plus de 150 membres du personnel de l’unité travaillent régulièrement dans des hôpitaux civils dans huit provinces, a-t-on précisé.

Le chef de l’opposition officielle à Québec, Pierre Arcand, ne voit pas pourquoi on se priverait de leur contribution. « Dans une situation d’urgence nationale, on a besoin du maximum de gens possible », a-t-il plaidé en entrevue avec La Presse.

Moi, je ne tiens pas à l’armée pour le plaisir de l’armée. L’important, c’est que nous ayons toutes les ressources nécessaires, et rapidement.

Pierre Arcand, chef de l’opposition officielle à Québec

1000 bénévoles bilingues

À défaut d’annoncer qu’un contingent militaire viendrait à la rescousse dans les CHSLD, aux prises avec une grave pénurie de personnel, le fédéral a fait valoir qu’une armée forte de 1000 personnes bilingues avaient levé la main pour participer à la bataille que le Québec mène contre la COVID-19.

« Je viens de vérifier auprès de mon sous-ministre, et il y a environ 1000 personnes parlant les deux langues officielles qui seraient disponibles pour appuyer Québec. Ce travail se fait en ce moment même », a dit la ministre fédérale de la Santé, Patty Hajdu, en conférence de presse.

Cette déclaration a brièvement semé la confusion entre les deux collines parlementaires. En fait, la ministre faisait référence à un échantillon des personnes s’étant dites désireuses de contribuer, sur une base bénévole, à une campagne nationale de recrutement sur un portail web fédéral, où l’on peut s’inscrire jusqu’au 24 avril prochain.

Ces quelque 1000 bons Samaritains possèdent des compétences diverses en matière de santé publique et ne seraient pas nécessairement envoyés dans des CHSLD du Québec, a-t-on précisé plus tard à son bureau.

Les Rangers en Basse-Côte-Nord

Les Forces armées canadiennes ont par ailleurs répondu présent pour la deuxième fois en un peu moins de deux semaines. C’est ainsi qu’après avoir accepté une demande d’aide pour le Nunavik, les Rangers canadiens ont dit oui à une autre requête.

« Le gouvernement du Québec nous a envoyé une deuxième demande pour la Basse-Côte-Nord. Je peux vous confirmer que ce sont les Rangers canadiens qui vont aller leur prêter main-forte », a affirmé Justin Trudeau, mercredi.

La région de la Basse-Côte-Nord s’étend de la rivière Natashquan à la frontière du Labrador. Elle comprend 15 petits villages, comme Tête-à-la-Baleine et Blanc-Sablon.