Alors que tout le monde nettoie et désinfecte pour éviter d’être contaminé par la COVID-19, le nombre de cas d’exposition potentiellement nocive aux produits de nettoyage et au désinfectant pour les mains a bondi, surtout chez les 0 à 5 ans.

Le Centre antipoison du Québec reçoit plus d’appels depuis le début de la pandémie.

En mars, il en a reçu 559 pour des cas d’exposition aux produits ménagers, incluant les javellisants. Il s’agit de 133 cas de plus que lors du mois de mars 2019.

Une « exposition » signifie que la personne touchée a reçu du produit dans l’œil, en a avalé, a inhalé des vapeurs nocives ou encore en a reçu sur la peau, ce qui peut causer des irritations cutanées.

En ce qui concerne le désinfectant pour les mains, que beaucoup appellent du nom d’une marque populaire, le « purell », 49 cas d’exposition ont été rapportés en mars, soit 63 % de plus que lors du même mois l’an dernier.

L’eau de javel, utilisée pour désinfecter, a causé le plus de problèmes : avec 149 cas d’exposition, il s’agit d’une hausse de 266 %.

Les tout petits sont particulièrement à risque.

En fait, 65 % des cas problématiques avec le désinfectant pour les mains sont arrivés aux 0 à 5 ans, le plus souvent parce qu’ils en avaient avalé ou que leurs parents craignaient que ce fût le cas.

En ce qui concerne les produits de nettoyage domestique, incluant le javellisant, 42 % des cas rapportés touchaient les 0-5 ans.

Les gens ont actuellement plus de ces produits à la maison, et ils sont peut-être un peu plus portés à les laisser à portée de main, plutôt que de les ranger, car ils ont l’impression qu’ils doivent tout désinfecter — continuellement, a commenté en entrevue Guillaume Bélair, infirmier clinicien, assistant du supérieur immédiat au Centre antipoison du Québec.

Alors il y a plus de risque que les enfants aient accès à ces produits, souligne-t-il.

Un cas typique est lorsqu’un parent retrouve son enfant avec une bouteille de désinfectant dans les mains, et qu’il se demande : « en a-t-il ingéré ? », rapporte M. Bélair.

Il rappelle qu’en tout temps, ces produits doivent être gardés hors de la portée des enfants. « Il faut bien les ranger », dit-il.

Il recommande aussi aux parents de ne pas transvider un restant de bouteille de produit nettoyant dans une plus petite, non étiquetée.

M. Bélair met aussi en garde contre les mélanges de produits de nettoyage qui peuvent créer des vapeurs toxiques, ayant le potentiel d’être très irritantes pour les voies respiratoires.

Il n’a pas été surpris de l’augmentation des cas : « on s’en doutait bien, à partir du moment où les pharmacies n’ont plus de ces produits en stock, on savait bien qu’il y en avait plus dans les maisons ».

Il invite les gens à contacter le Centre antipoison dès qu’il y a une exposition à un produit, ou juste un doute : si la personne doit être amenée à l’urgence, le centre va appeler l’hôpital et lui fournir ses recommandations à l’avance.