(Montréal) Une perte soudaine de l’odorat, et subséquemment du goût, pourrait témoigner d’une infection par le coronavirus, démontrent des informations anecdotiques en provenance de plusieurs pays.

De tels cas ont notamment été rapportés en Chine, en Corée du Sud et en Italie.

« Ce qui est un peu particulier avec la COVID, c’est que dans un certain pourcentage des gens qui n’est pas clair encore, c’est le seul symptôme, a expliqué le docteur Louis Guertin, qui est oto-rhino-laryngologiste au Centre hospitalier de l’Université de Montréal.

« Autrement dit, les gens n’ont pas de congestion nasale, ils n’ont pas d’autres symptômes, le seul symptôme qu’ils ont, c’est une perte de l’odorat qui entraîne aussi une perte du goût. »

Les gens qui souffrent d’un simple rhume hivernal pourront aussi perdre temporairement l’odorat. Et comme l’odorat est lié au goût chez plusieurs, la perte de ce dernier sens pourra suivre.

Mais le pourcentage de rhumes qui provoqueront une perte de l’odorat est nettement plus faible que ce qu’on rencontre actuellement avec le coronavirus, a dit le docteur Guertin.

Les spécialistes ne comprennent pas encore exactement quel mécanisme est en cause, mais « on pense que c’est une atteinte du nerf par le virus qui donne ça », a-t-il expliqué.

Par ailleurs, entre 30 et 40 % des patients infectés par le SRAS-CoV-2 et qui présentent d’autres symptômes — comme une toux ou une fièvre — rapportent aussi une perte de l’odorat et/ou du goût.

La perte d’un de ces sens, ou des deux, comme seul symptôme de la COVID-19 pourrait être plus fréquente chez les jeunes.

« Ce n’est pas la présentation la plus fréquente, a dit le docteur Guertin. C’est quelque chose d’inhabituel qu’on ne voit pas normalement avec les autres infections virales des voies respiratoires supérieures. »

Il n’y a rien de normal à perdre subitement l’odorat et/ou le goût. Dans le contexte actuel, a-t-il ajouté, si cette perte survient de manière inexplicable, il pourra être pertinent de se soumettre rapidement à un test de dépistage du coronavirus.

« Si ça arrivait sans aucun autre facteur associé, effectivement quand on regarde ce qui est rapporté par nos confrères européens, c’est une chose à laquelle il faudrait penser », a dit le docteur Guertin.

La perte pourra être permanente chez certains, mais l’intensité de la crise actuelle rend impossible de prédire s’il y aura récupération ou non ; seuls le temps et le suivi des patients fourniront la réponse.