(Ottawa) Les vols commerciaux seront bientôt moins nombreux dans le ciel, prévient le ministre des Affaires étrangères du Canada, François-Philippe Champagne. Il exhorte donc les Canadiens à rentrer à la maison pendant qu’il en est encore temps.

« AVERTISSEMENT OFFICIEL AUX CANADIENS À L’ÉTRANGER : Nous recommandons aux voyageurs canadiens de revenir au Canada par des moyens commerciaux pendant qu’ils sont encore disponibles », a écrit samedi sur Twitter le diplomate en chef du Canada.


Le premier ministre Justin Trudeau a déclaré vendredi que la frontière du Canada restait ouverte aux vols internationaux, contrairement aux États-Unis, qui ont fermé les leurs aux passagers en provenance d’Europe.

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Une source gouvernementale a affirmé à La Presse que cette position restait la même en date de samedi.

Sur le continent européen, des pays comme la Pologne et le Danemark ont décidé de fermer temporairement leurs frontières en raison de la pandémie mondiale. L’Europe est devenue le principal foyer de propagation de la COVID-19.

Une source chez Affaires mondiales a assuré à La Presse que le tweet du ministre n’était pas le prélude à une annonce plus musclée de la part d’Ottawa – bref, on ne s’apprête pas à emboîter le pas aux États-Unis en bloquant l’accès aux vols européens.

Pas pour l’instant, en tout cas : « on voulait juste souligner que vu le contexte européen, les vols vont probablement être de moins en moins nombreux », a exposé samedi cette source qui s’exprimait sous le couvert de l’anonymat afin de parler plus librement.

Le premier ministre Trudeau, qui est en période d’isolement de 14 jours après que sa femme Sophie eut reçu un diagnostic positif à la COVID-19, a eu un entretien samedi avec le président des États-Unis, Donald Trump.

Son bureau n’a pas été très loquace sur le contenu de l’échange. « Les deux dirigeants ont discuté de l’étroite coordination entre leurs pays et des nouvelles mesures qu’ils mettent en place pour protéger […] leurs citoyens », a-t-on écrit dans un compte rendu.

L’OMS recensait samedi 17  660 cas en Italie (1268 morts), 4231 en Espagne (120 morts), 3640 en France (79 morts) et 3062 en Allemagne. Au Canada, le plus récent bilan faisait état de 193 cas, dont 24 au Québec. Une personne est morte des suites de la COVID-19, en Colombie-Britannique.

Pour en revenir au Canada, d’ailleurs, selon nos informations, le ministre des Transports Marc Garneau doit annoncer dimanche les modalités de la façon dont le Canada réduira le nombre d’aéroports autorisés à accueillir les vols de l’étranger.

Québec veut plus de fermeté

Mais clairement, le gouvernement québécois a soif de mesures plus musclées en ce qui a trait à la gestion de la frontière. Le premier ministre François Legault réclame à cor et à cri du fédéral, qui a juridiction là-dessus, de limiter le nombre de visiteurs.


Il l’a réitéré dans un entretien téléphonique qu’il a eu vendredi soir avec Justin Trudeau. Et il a bien l’intention de revenir à la charge, a-t-il signalé samedi lors d’une conférence de presse à Québec aux côtés du patron de la santé publique, le Dr Horacio Arruda.

« Pour ce qui est des visiteurs étrangers, j’ai parlé hier à M. Trudeau, je vais lui reparler aujourd’hui, mais je continue à penser que c’est urgent de réduire le nombre de visiteurs étrangers au Canada, puis là-dessus le Dr Arruda est très clair », a argué M. Legault.

L’opposition conservatrice à Ottawa exhorte depuis des jours le gouvernement Trudeau à barrer l’accès au territoire. Au Bloc, on a aussi émis de sérieuses préoccupations par rapport aux mesures de contrôle et ressources dans les aéroports, jugées insuffisantes.

La ministre fédérale de la Santé, Patty Hajdu, a réitéré vendredi que cette mesure était peu efficace de l’avis des experts, mais également, parce qu’il y a déjà des cas de la COVID-19 au Canada.

Voyages non essentiels déconseillés

Après avoir conseillé aux Canadiens d’éviter de partir en croisière en début de semaine, l’Agence de la santé publique du Canada a étendu la directive, en déconseillant vendredi les voyages non essentiel à l’étranger, incluant aux États-Unis.

Sur le site web d’Affaires mondiales, un avertissement officiel global aux voyageurs a été mis bien en évidence.

« Les compagnies aériennes ont annulé des vols. De nouvelles restrictions peuvent être imposées avec peu de préavis. Vos projets de voyage peuvent être gravement perturbés et vous pouvez être contraint de rester à l’étranger plus longtemps que prévu », écrit-on.

Les voyageurs sont invités à contacter leur compagnie aérienne ou leur voyagiste pour déterminer les options d’annulation ou de report de votre voyage. Ces options peuvent varier en fonction du transporteur.

-avec Gabriel Béland et Joël-Denis Bellavance