Les détenus des 17 prisons provinciales du Québec ne pourront avoir aucune visite pour les deux prochaines semaines. Comme mesure d’atténuation, ils recevront une carte d’appel pour pouvoir parler à leurs proches.

C’est l’une des principales mesures que viennent d’adopter les responsables des services correctionnels du ministère de la Sécurité publique pour diminuer les risques de contamination à la COVID-19 dans les prisons, à la suite de leurs discussions avec le Syndicat des agents de la paix en services correctionnels.

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Le président du syndicat, Mathieu Lavoie, a informé La Presse de ces nouvelles mesures en milieu de soirée et s’est montré relativement satisfait.

Toutes les activités bénévoles ou communautaires dans les prisons, par exemple les rencontres AA, seront également annulées pour la même période.

Les transferts entre prisons, ou vers les palais de justice, seront également réduits au maximum, alors que le ministère de la Justice et la magistrature ont annoncé une diminution des activités judiciaires dans les palais.

Les condamnés qui purgent des peines intermittentes et qui présentent des symptômes de toux ou de fièvre, ou qui ont voyagé ces derniers temps, auront des permissions de sortie.

Enfin les établissements devront identifier des secteurs d’isolement, pour être prêts à faire face à toute éventualité, et des mesures et procédures de travail sécuritaires seront mises en place en cas de contamination ou d’isolement.

D’autres mesures ont également été adoptées, mais elles seront annoncées aux gardiens au début de la semaine prochaine.

Gardiens inquiets

Assailli de questions par ses membres inquiets, le Syndicat des agents de la paix en services correctionnels du Québec réclamait depuis quelques jours du ministère de la Sécurité publique qu’il prenne rapidement des mesures pour réduire les risques de contamination à la COVID-19 dans les prisons du Québec. Les représentants syndicaux et patronaux discutaient depuis mardi.

« Le premier ministre fait tellement d’annonces que j’ai l’impression que les ministères ont de la difficulté à suivre », a dit Mathieu Lavoie, à La Presse.

« Si un détenu tombe malade, ça va se répandre comme une traînée de poudre dans la prison. Si un secteur complet d’une prison est contaminé, on fait quoi ? », a demandé le chef syndical, donnant en exemple le Centre de détention de Montréal (Bordeaux) qui abrite 1400 détenus, et possède notamment deux pavillons de 180 détenus chacun.

Il y a une dizaine d’années, lors de la crise de la grippe H1N1, des mesures avaient été adoptées et avaient donné des résultats.

Dans l’attente du Conseil du trésor

La Presse a également communiqué plus tôt cette semaine avec un responsable du Syndicat des agents correctionnels du Canada, pour vérifier si des mesures ont été prises dans les pénitenciers fédéraux qui se trouvent au Québec.

« Nous sommes en attente de directives de la part du Conseil du trésor », a répondu le responsable, précisant que l’anxiété de ses membres était généralisée.

« Il est impératif de se doter d’un plan d’action axé sur la santé publique. Ce plan comprendrait le suivi des cas de COVID-19 dans les prisons, la surveillance de l’accès à des produits de première nécessité en matière de santé et le contrôle du recours à un confinement aux cellules ou à d’autres méthodes d’isolement », a de son côté déclaré, par voie de communiqué, la sénatrice Kim Pate.

Celle-ci croit également que la lutte contre la COVID-19 passe par des mesures visant à réduire la population carcérale.

« Cette réduction peut se faire d’une manière qui ne mettra pas en danger la sécurité publique. Par exemple, les détenus qui se trouvent déjà dans des unités à sécurité minimale pourraient accéder plus rapidement à la mise en libération sous condition. Par ailleurs, les autorités correctionnelles pourraient utiliser les moyens existants de mise en liberté discrétionnaire », a décrit la sénatrice Pate.

Pour joindre Daniel Renaud, composez le (514) 285-7000, poste 4918, écrivez à
drenaud@lapresse.ca ou écrivez à l’adresse postale de La Presse.