Riyo Mori, une Japonaise extravertie de 20 ans sacrée Miss Univers 2007 fin mai, ne fait pas l'unanimité dans son pays, où certains lui reprochent de ne pas incarner les canons traditionnels de la beauté, parmi lesquels la discrétion.

Des journaux s'en sont notamment pris au maquillage de la gagnante du concours international de beauté, dénoncé comme «outrancier».

«Tout en se félicitant de la victoire de Mlle Mori, nombre de mes amies japonaises sont réservées sur le bien-fondé du maquillage excessif qu'elle arborait lors du concours», a écrit un journaliste du quotidien conservateur à grand tirage Yomiuri.

«En photo, Riyo Mori semble naturelle mais sur scène elle a exagéré sur le fard. On peut donc se demander si sa victoire récompense vraiment la beauté naturelle et pure des Japonaises, m'ont dit ces femmes», poursuit-il.

Le journal Asahi a également consacré un article sur le sujet mettant en parallèle, photos à l'appui, Miss Univers 2007 et d'autres gagnantes de concours japonais plus sobres et d'allure plus sage.

Interrogés par les médias, des experts y sont allés de leur commentaire.

«En regardant (Mlle Mori) à la télévision lors de la finale du concours, j'ai pensé qu'elle projetait une image très non japonaise», a déclaré au quotidien de langue anglaise Daily Yomiuri un spécialiste d'esthétique, Hiroto Murasawa.

Riyo Mori, qui se définit comme «une samouraï au féminin des temps modernes», «donnait l'impression d'être mûre, une femme indépendante s'exprimant aisément», a-t-il poursuivi soulignant le contraste avec le caractère plutôt réservé, selon lui, de la gente féminine japonaise.

L'applomb de Mlle Mori, qui veut être danseuse à Broadway, est en outre très éloigné de la «kawai (mignonne) attitude», un style ingénu très répandu parmi les Japonaises.

Pour M. Murasawa, Riyo Mori «ne doit sans doute pas son triomphe à des critères (de beauté) pas plus qu'à ses vertus japonaises», mais à «d'autres aspects» de sa personnalité.

Les Japonaises qui aspirent au succès international doivent répondre aux standards de beauté universels, estime de son côté Kazuyuki Yamamuro, un juge du concours de Miss Univers, lequel n'a sacré que deux Japonaises en l'espace d'un demi-siècle.

«Celles qui se font un nom à l'étranger sont différentes de celles qui connaissent le succès au Japon», souligne M. Yamamuro, rédacteur en chef d'un quotidien féminin japonais, cité par le Yomiuri.