«Je n'aime pas citer des noms», affirme Y Fray, pionnière des limousines écologiques. Mais sur les murs de son bureau s'affichent les patronymes de ses illustres clients de Hollywood, de plus en plus nombreux à arriver en «vert» sur le tapis rouge des Oscars.

Lors de l'édition 2007 de la cérémonie, Mme Fray a transporté le vainqueur de l'Oscar du meilleur acteur, Forest Whitaker, l'ancien vice-président Al Gore, héros de la lutte contre le réchauffement climatique, et Leonardo DiCaprio, un autre grand nom impliqué dans la défense de l'environnement.

«Leo est un client régulier», explique cette femme de 50 ans, qui a monté il y a trois ans sur une intuition la société Eco-Limo, la première entreprise de limousines à proposer des véhicules fonctionnant aux énergies alternatives en Californie.

Avec un maigre fonds de départ, elle a acheté d'occasion une Prius, modèle hybride (essence-électricité) de Toyota, à l'esthétique peu gracieuse mais qui ne consomme que cinq litres d'essence aux 100 km, le tiers de la Lincoln Town Car favorite des chauffeurs.

«Depuis, l'activité n'arrête pas de progresser», se félicite cette chantre de la défense de l'environnement. En trois ans, son entreprise s'est étendue à San Francisco et Washington, et réalise désormais entre 700 et 900 courses par mois.

Les Prius sont majoritaires dans la flotte d'Eco-Limo, mais on y trouve aussi des Mercedes et un 4x4 Ford fonctionnant au gazole biologique.

Mme Fray a dû d'abord combattre le septicisme, voire l'hostilité de sa profession, tant l'image écologique semblait incompatible avec ce secteur où l'apparence et le luxe priment.

Mais certaines entreprises qui riaient de nous au début ne rient plus aujourd'hui et essaient de prendre le train d'Eco-Limo en marche, explique-t-elle, affirmant proposer des services comparables en termes de coût à ceux de ses concurrents.

De fait, le nombre de véhicules de transport de luxe fonctionnant aux énergies alternatives à Los Angeles a probablement augmenté de 300 % l'année passée, estime Alan Shandeling, président de l'association des véhicules de place de Californie. Selon lui, une cinquantaine de véhicules sur 2000 utilisés par la profession dans la mégalopole sont «verts».

Et si des célébrités comme Cameron Diaz et DiCaprio ont lancé la tendance, Hollywood ne constitue pas la majorité des clients de Mme Fray, dit-elle. De nombreuses entreprises, dont des banques et des sociétés internet, font appel à elle pour transporter leurs responsables.

La demande est désormais solidement établie pour ce secteur. «Il y a des gens qui veulent rouler (dans ces voitures) tout le temps», constate M. Shandeling.

«C'est devenu quelque chose de très répandu, une vraie folie», confirme Elizabeth Snead, qui couvre les récompenses hollywoodiennes pour la section spécialisée du Los Angeles Times, The Envelope.

«C'est formidable que les célébrités fassent passer le message de l'écologie», dit-elle. «Mais on peut se demander jusqu'où c'est un jeu d'apparence ou un vrai engagement pour la cause. Comme pour tout à Hollywood, il ne faut pas croire tout ce que l'on voit ou lit», prévient-elle.

Témoin, le succès de la Prius, qui n'existe qu'en version hybride. Elle est destinée aux gens qui veulent que les autres sachent (leur engagement écologique), parce que c'est une voiture qui dit des choses sur vous, explique Mme Fray.

En revanche, la Mercedes au gazole bio, qui ne se différencie pas extérieurement des limousines germaniques classiques, est faite pour les gens qui sont déjà familiers des énergies alternatives, dit-elle.