Depuis quelques années, Yvan Attal diversifie ses actifs, met les pieds sur des plateaux français et étrangers, pose devant la caméra comme derrière. Le Français a notamment été dirigé par Steven Spielberg (Munich) et Sydney Pollack (The Interpreter). Parcours d'un acteur qui se laisse bercer au rythme de ses envies.

L'acteur français Yvan Attal a plusieurs cordes à son arc. Il a ainsi récemment joué auprès de Jackie Chan et Chris Tucker dans Rush Hour 3. «J'adore me retrouver dans un film de Pollack qui m'a donné l'envie du cinéma et face à Nicole Kidman, raconte Attal, joint au téléphone en France par La Presse. Et Rush Hour, c'était très drôle à faire. Ce sont des cerises sur le gâteau. Des moments qu'on n'attend pas quand on est Français, car on est loin. On les prend donc avec plaisir.»

Yvan Attal dit cependant faire son chemin sans rien calculer. «Je me laisse un peu porter par mes envies, mes amis, dit-il. Parfois, j'ai envie de jouer et de réaliser. Et parfois, j'ai envie de changer de métier! Car je trouve que le cinéma devient de moins en moins intéressant. Il y a de plus en plus de films, mais de moins en moins d'oeuvres originales. Les financiers font dans la redite. On vit à une époque où les techniques et les moyens de diffusion sont très diversifiés mais, paradoxalement, il y a moins de liberté. Il arrive donc qu'on se demande s'il y a autre chose. Il est toutefois un peu tard pour moi de changer de métier...»

Le conjoint de Charlotte Gainsbourg, qui attend avec impatience son prochain coup de coeur, affirme ne pas avoir tourné depuis quatre ans en tant que réalisateur et un an et demi en tant qu'acteur. Le serpent d'Éric Barbier (Toreros) compte parmi ses derniers projets. Deux ans après avoir joué dans Anthony Zimmer, Attal replonge ainsi dans l'univers du policier.

Histoire de vengeance

Dans Le serpent (présentement à l'affiche), Attal incarne un photographe traqué par un détective privé (Clovis Cornillac) qui a soif de vengeance. La blessure de ce dernier remonte à l'enfance. Il s'est juré de faire payer Vincent, le personnage d'Attal. «J'aime les films de genre. De tous les genres, en fait, raconte Attal. Ce sont des plaisirs de cinéma. Le film de genre obéit à des règles. Il y a des passages obligés. C'est intéressant de naviguer là-dedans, mais à condition qu'il y ait de la viande autour de l'os. Et pour le spectateur, c'est excitant.»

Les héros du Serpent se meuvent dans un Paris moins traditionnel que d'habitude à nos yeux de Nord-Américains. Le Paris moderne de la Défense et sa proche banlieue. Une Ville lumière où tout est gris et sombre et dans laquelle le personnage d'Attal en verra de toutes les couleurs. «Yvan a un imaginaire qui fait qu'on peut pousser loin avec lui, note le réalisateur Éric Barbier. Il s'est énormément investi. Il propose beaucoup de solutions. Il comprend le cinéma.»

Sur le plateau, Barbier a mis Attal à l'épreuve. Il l'a fait suer... mais pas assez pour le tenir loin des drames policiers à jamais! «Ce fut éprouvant physiquement et émotionnellement, affirme l'acteur. Je pense notamment aux scènes de bagarre tournées la nuit. Et, tous les jours, le personnage s'enfonçait. Mais ce fut agréable comme tournage.»

Éric Barbier signe ici son troisième film en... 17 ans! Difficile pour lui de faire des longs métrages? «Non, répond le réalisateur. C'est le désir d'en faire qui n'y est pas tout le temps. Une fois présent, on trouve le moyen de tourner, de se faire financer. Mais il y a des moments dans ma carrière où j'ai plus ou moins eu l'envie d'en faire. Là, c'est resté!»

Il adore son Serpent, tiré de Plender, roman de Ted Lewis. «À la base, il y a ce rapport entre deux hommes. Jeune, Plender (Cornillac) avait une fascination pour Vincent (Attal). C'est aussi très cinématographique et dynamique comme histoire. C'est un vrai film de harcèlement comme ceux d'Hitchcock, comme L'inconnu de l'Orient Express et Liaison fatale