Le producteur montréalais Martin Bolduc était à Las Vegas, au mois de juin 2006, quand il a reçu un appel de la publicitaire de Paul McCartney, l'informant que l'ancien Beatle serait disponible pour une entrevue.

C'est l'occasion pour laquelle Bolduc et le réalisateur montréalais Adrian Wills priaient depuis le début du tournage de All Together Now, qui documente la création par le Cirque du Soleil de Love - un populaire spectacle inspiré de la musique des Beatles et présenté à Las Vegas.

Les cinéastes se trouvaient dans des villes différentes, ils n'attendaient pas d'entrevue et ils n'avaient que peu de temps pour se préparer. Mais comme Bolduc l'a expliqué, quand un ancien Beatle te donne le feu vert, «il faut être prêt».

«La publicitaire (...) de Paul McCartney m'a appelé pour me dire, 'Hey, tu veux une entrevue avec Paul McCartney? C'est demain matin, 10h', ou quelque chose du genre, et je suis à Vegas... Adrian est à Montréal, donc je l'appelle et je lui dis, 'tu prends un vol de nuit ce soir, tu t'en viens à Vegas'», a expliqué Bolduc mercredi, avant l'ouverture du festival Hot Docs, à Toronto, où le documentaire sera présenté en première mondiale le 19 avril.

«C'était littéralement (Wills) qui débarque de l'avion, embarque dans un taxi, arrive à l'hôtel Mirage, monte à la chambre, on se prépare pour l'entrevue, et devine quoi? On oublie de mettre la cassette dans la machine! Donc on courait partout pour trouver le ruban, mais c'est le genre d'aventure qui arrive avec McCartney», a-t-il ajouté.

Tout a fini par s'arranger et Wills a eu avec McCartney une conversation tranquille d'environ une heure. Il a aussi obtenu des entrevues avec Ringo Starr, le producteur des Beatles Sir George Martin (parfois surnommé «le cinquième Beatle»), et son fils Giles, ainsi qu'avec Olivia Harrison et Yoko Ono, les veuves de George Harrison et John Lennon.

En plus de ces entrevues, cette une coproduction de la compagnie des Beatles, Apple Corps, et de Cirque du Soleil Images lève le voile sur la réalisation de Love et sur le processus de «remasterisation» des chansons des Beatles pour le spectacle.

«Ça me donne des frissons chaque fois que je le vois, a dit Bolduc, qui travaille pour Cirque du Soleil Images. Ca me rappelle plusieurs souvenirs, comme le privilège d'avoir pu être là.»

Le documentaire illustre la participation de McCartney, Starr, Ono et Harrison à la production du Cirque, et la réaction qu'eux et leurs familles ont eu le soir de la première de Love à l'hôtel Mirage, en juillet 2006.

Le film met aussi en lumière les défis qu'ont dû relever les créateurs de Love - dont le metteur en scène, Dominic Champagne, et le fondateur du Cirque du Soleil, Guy Laliberté - quand est venu le temps de transformer la carrière des Beatles en spectacle acrobatique, tout en plaisant aux différentes parties impliquées. Yoko Ono et Olivia Harrison ne se sont jamais gênées pour exprimer leur opinion pendant les répétitions - à un moment donné, Yoko Ono qualifie la séquence Come Together de «dégoûtante» - et McCartney a dû être rassuré que le produit final serait de qualité.

Wills dit toutefois qu'ils n'ont pas ressenti de pression du genre pendant le tournage du documentaire.

«Avec un projet comme celui-ci, on croirait que les portes nous seraient grandes ouvertes et qu'on aurait été accueillis à bras ouverts - mais ça ne s'est pas produit. Et ensuite, on croirait qu'ils surveilleraient constamment notre matériel pour voir ce qu'on avait - et ça ne s'est pas produit non plus parce que les portes n'étaient pas ouvertes», a-t-il dit.

«Nous avons présenté (le film) à Apple et nous avons dit: 'Voici ce que nous en pensons, voici les thèmes, voici le film'... et ils étaient heureux... pour une compagnie aussi importante et aussi reconnue pour le contrôle qu'elle exerce, ils ont été très ouverts et ils ne nous ont pas censurés», a ajouté Wills.

Wills a reçu en décembre 2005 le feu vert pour réaliser le documentaire. On lui a tout d'abord commandé une émission télévisée d'une heure sur la réalisation de Love, mais après avoir capturé autant d'émotions brutes lors des interactions des familles des «Fab Four» entre elles et avec les artisans du spectacle, il est devenu clair que le projet allait se transformer en documentaire pleine longueur.

«Le thème père-fils et le thème de la famille, je pense que c'est très fort parce qu'on le voit avec le fils de George Harrison, Dhani, et on peut ressentir les sentiments qu'il a envers son père, a dit Wills, qui a à son crédit plusieurs réalisations pour le cinéma et la télévision. On savait que ce serait une histoire intéressante. Mais je ne sais pas si nous avions réalisé que ce serait aussi cru et émotif.»