L'industrie montréalaise du cinéma a été touchée par la crise financière, soutient le commissaire du Bureau de la télévision et du cinéma du Québec (BCTQ), Hans Fraikin. Premier dommage collatéral: l'annulation de plusieurs tournages de films américains.

«On devait avoir des tournages qui ont été annulés à la fin de l'année. Les trois quarts de ces projets ont été annulés ou reportés. Dans les autres cas, ils sont allés vers des États avec des incitatifs (financiers, ndlr) plus importants que le nôtre. Les budgets sont de plus en plus serrés», affirme Hans Fraikin.

Le Commissaire s'est refusé à citer des projets en exemple. Mais, dit-il, ces tournages auraient été ceux de «petits, moyens ou gros» projets: «Il y avait de tout», assure-t-il. «Avec la crise financière aujourd'hui, les compagnies d'acquisition (distributeurs, ndlr) ont moins de moyens actuellement. Beaucoup d'entre elles ont aussi fermé leurs portes.»

Aux États-Unis, la crise financière n'a pas épargné l'industrie du cinéma: sortie de films repoussées, investissements limités. «L'an dernier, les marchés financiers avaient investi 25 milliards à Hollywood. Cette année, c'est 18 milliards. Il y a un sacré différentiel, de presque 30 %», analyse Hans Fraikin.

Certaines banques d'Hollywood ont même annulé leurs partenariats. Parmi eux, la banque allemande Deutsche Bank ainsi que la banque française Société générale. «Dans des temps d'incertitude, il y a moins de capital à investir. Et ils souhaitent investir dans des secteurs plus sûrs. L'industrie est complètement chamboulée», note Hans Fraikin.

La récession qui touche les États-Unis pourrait toutefois avoir des conséquences heureuses pour Montréal, qui a aussi souffert, ces dernières années, de la concurrence de certains États américains offrant des ristournes fiscales plus avantageuses aux producteurs américains.

En temps de crise, ces investissements publics risquent de s'amoindrir. «Ça enlève une sacrée concurrence. Surtout maintenant que nous, nous avons un intérêt financier», estime Hans Fraikin, faisant référence à la baisse du taux de change.

Enfin, le Commissaire du BCTQ rappelle que l'industrie du cinéma fonctionne aussi, à Montréal, grâce à la vigueur des tournages locaux de télévision et de cinéma. «Heureusement pour les entreprises québécoises, il y a quand même une industrie locale qui a un volume de production de 900 millions chaque année. Ça fait travailler», dit-il.

Il existe toujours un intérêt pour la métropole et la province québécoise, croit Hans Fraikin. De retour de l'American Film Market, organisé tous les automnes à Los Angeles, le Commissaire a ainsi glané, au cours de ses meetings, plusieurs projets qui pourraient se concrétiser au Québec. L'an 2009 pourrait démarrer sous des auspices plus favorables que 2008.