Ce n'est ni le plus drôle, ni le plus glamour, ni le plus divertissant. Mais, excusez le cliché, c'est probablement le festival de cinéma le plus nécessaire en ville. Commencé depuis jeudi, le 4e Festival de films sur les droits de la personne revient avec sa palette de documentaires éclairants, aussi dérangeants qu'incontournables, qui nous rebranchent sur le triste état du monde et de l'humanité.

Sur la soixantaine de films présentés jusqu'au 22 mars au Festival de films sur les droits de la personne, la plupart abordent les sujets de front. Mais d'autres le font de côté, avec un angle plus original. C'est le cas de Kassim the Dream et d'Afghan Girls Can Kick, qui ont en commun de combiner l'univers du sport et celui du drame humain.

Le premier brosse le portrait de Kassim Ouma, ancien enfant-soldat de l'Ouganda devenu champion de boxe catégorie poids moyen aux États-Unis. A priori, ce destin a tout d'un success story. Mais au-delà des combats sur le ring, le film raconte avant tout la tragédie personnelle d'un homme qui n'a pas encore fait la paix avec son passé.

Banni de son pays d'origine pour avoir déserté l'armée qui l'avait kidnappé, Ouma finit par revenir en Ouganda. Ce «retour de l'enfant prodigue» est au coeur du film de Kief Davidson, qui suit le boxeur de Philadelphie jusqu'à son village natal. Un périple qui, pour le meilleur et pour le pire, forcera le jeune homme à confronter ses démons.

La scène finale, particulièrement touchante, nous montre Kassim en larmes sur la tombe de son père, assassiné en guise de représailles pour la fuite du fils aux États-Unis. Le jeune homme, qui se maîtrisait parfaitement jusque-là, se liquéfie en demandant pardon.

Jamais champion de boxe n'aura semblé si vulnérable.

De la burqa au but tout court

L'autre rêve se passe sur un terrain de foot à Kaboul. C'est celui de l'équipe de soccer féminine afghane. La première à avoir joué dans un match international.

Dire que ces jeunes filles partent de loin est un euphémisme. Il y a 10 ans, sur ce même terrain de foot, des femmes «insoumises» étaient abattues à bout portant par les talibans. Images insoutenables que le documentaire nous passe de nouveau, comme pour bien nous faire mesurer l'absurdité de l'ère talibane. Et la longueur du chemin parcouru.

Avec la libération de Kaboul, la plupart des femmes de la capitale ont abandonné la burqa. Mais on n'efface pas des siècles de religion en un claquement de doigts. Dans ce documentaire de l'Iranienne Baharei Hosseini, les protagonistes doivent encore porter le survêtement ample et le foulard sur la tête. Surtout quand il y a des caméras de télévision.

Mais la vie semble autrement devenue normale pour ces adolescentes, qui avouent candidement préférer les séances de maquillage à la prière. Plus optimiste que pessimiste, Afghan Girls Can Kick nous montre une nouvelle génération de femmes, qui ont connu «l'avant» et qui profitent largement de «l'après».

Afghan Girls Can Kick, mardi 21h30, au Cinéma du Parc. Le FFDPM se poursuit jusqu'au 22 mars. Horaire et description des films: www.ffdpm.com ou 514-842-7127

Illustration(s) :

PHOTO FOURNIE PAR LE FFDPM
The Reckoning, aujourd'hui, 17 h, au Cinéma du Parc.

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Child Miners (Enfants mineurs) présenté aujourd'hui à 15h au Cinéma du Parc.