Le ministère suisse de la Justice a donné son feu vert jeudi à une mise en liberté sous caution du cinéaste franco-polonais Roman Polanski, qui devrait toutefois passer encore au moins une nuit en prison, le temps de verser à Berne les 3 millions d'euros demandés.

«L'Office fédéral de la justice (OFJ) ordonnera la mise en liberté de Roman Polanski, détenu aux fins d'extradition, aussitôt que les mesures substitutives prononcées par le Tribunal pénal fédéral (TPF) auront été mises en oeuvre», a-t-il expliqué dans un communiqué.

Concrètement, ajoute-t-il, «la mise en liberté interviendra aussitôt que la caution aura été versée, que les documents d'identité auront été déposés et que la surveillance électronique aura été mise en place et testée».

En tout état de cause, «la libération ne se fera pas aujourd'hui», a précisé à l'AFP le porte-parole du ministère Folco Galli.

«Aujourd'hui, on ne peut pas dire combien de temps prendra la mise en oeuvre des mesures substitutives», a-t-il ajouté.

Selon toute vraisemblance, le réalisateur devrait retrouver son chalet de Gstaad, la station huppée des Alpes, suisses dans les jours qui viennent.

Il doit y attendre une décision de la Justice suisse sur la demande d'extradition reçue officiellement des États-Unis, où il encourt un maximum de deux ans de prison pour des «relations sexuelles» avec une mineure de 13 ans en 1977.

Le TPF de Bellinzone (sud) avait ordonné mercredi la libération de Roman Polanski, détenu depuis le 26 septembre dans une prison suisse, contre une caution de 4,5 millions de francs suisses (3 millions d'euros), une assignation à résidence et le port d'un bracelet électronique, dans l'attente d'une éventuelle extradition vers les États-Unis.

Le ministère de la Justice avait la possibilité de s'opposer dans les dix jours à ce jugement mais il a «renoncé à recourir contre la décision du TPF devant le Tribunal fédéral», la plus haute instance juridique helvétique.

Roman Polanski, 76 ans, devrait être le premier détenu de la Confédération sous le coup d'une demande d'extradition, à porter un bracelet électronique, selon des juristes cités jeudi par la presse suisse. D'où les multiples précautions dont Berne veut s'entourer, d'autant que, selon le tribunal de Bellinzone, le risque de fuite du célèbre cinéaste reste «élevé».

«S'il advenait que Polanski ne respecte pas ses engagements, la caution reviendrait à la Confédération suisse», a ainsi prévenu le ministère.