Le réalisateur iranien Jafar Panahi, libéré sous caution fin mai trois mois après son arrestation qui avait soulevé une vague d'indignation internationale, sera au festival de Venise pour la première mondiale de son nouveau film, L'accordéon, a annoncé vendredi la Mostra.

«Jafar Panahi est attendu à Venise pour l'inauguration (de la section parallèle) des Journées des auteurs de la 67e Mostra de Venise (1er-11 septembre)», a indiqué le festival dans un communiqué.

L'accordéon, un court métrage tourné à Téhéran qui sera présenté le 1er septembre, raconte le parcours de deux jeunes musiciens de rue privés de leur accordéon à cause d'un incident.

«Je suis un réalisateur attentif à l'aspect social et à ce qui se passe autour de moi (...) L'accordéon reflète mes émotions face aux événements et exprime ma façon d'observer la réalité», déclare le cinéaste dans le communiqué.

Le 2 septembre, Jafar Panahi participera également à un débat avec son compatriote Mazdak Taebi sur les thèmes abordés dans son oeuvre. En outre, Panahi donnera une classe de maître à de jeunes cinéphiles venus de tous les pays de l'Union européenne.

Âgé de 50 ans, Jafar Panahi, l'un des cinéastes de la «nouvelle vague» iranienne les plus connus à l'étranger, avait été arrêté le 1er mars à son domicile de Téhéran.

Le ministère iranien de la Culture avait affirmé que cette arrestation était liée au fait que le metteur en scène «préparait un film contre le régime portant sur les événements post-électoraux» - en allusion aux manifestations ayant suivi la réélection contestée de M. Ahmadinejad en juin 2009 -, ce que M. Panahi avait démenti.

De nombreuses voix se sont élevées à l'étranger comme en Iran pour demander sa libération, notamment à l'occasion du Festival de Cannes où le cinéaste devait siéger parmi les membres du jury. L'actrice française Juliette Binoche était ainsi venue chercher son prix d'interprétation féminine en brandissant un écriteau avec le nom du cinéaste.

M. Panahi a notamment reçu le Lion d'or à la Mostra de Venise en 2000 pour Le cercle et l'Ours d'argent à la Berlinale en 2006 pour Hors-jeu. Il a été primé deux fois à Cannes (Le ballon blanc, Prix de la Caméra d'or 1995, et l'Or pourpre, Prix du Jury-Un certain regard en 2000).