Dimanche, le 10 octobre, des milliers de cinéastes de partout sur la planète vont filmer le monde qui les entoure. Leurs «oeuvres» seront ensuite diffusées sur l'internet. But de l'opération? Faire un portrait de l'humanité sur une période de 24 h et, accessoirement, changer le monde.

Il y a deux ans, Kyle Ruddick a assisté à un concert virtuel. En direct, de différents pays, des musiciens jouaient ensemble le même morceau. Ce tour de force lui a donné l'idée d'organiser un événement semblable pour les cinéastes du monde entier, qu'ils soient professionnels ou non.

Ainsi est né le projet planétaire One Day on Earth (Un jour sur Terre) qui aura finalement lieu ce dimanche, le 10 octobre.

Le concept, qui réunira des milliers de personnes, de tous âges et de toutes nationalités, consiste à filmer les événements simples ou extraordinaires qui se produiront dans le monde pendant cette journée précise. Les courts métrages qui en résulteront seront ensuite présentés sur le site onedayonearth.org, comme témoins d'un moment dans l'histoire de l'humanité. Chacun pourra voir ce que les autres ont vécu au cours des mêmes 24 heures, ailleurs sur la boule bleue.

Les organisateurs voient dans ce partage de différentes réalités, une façon de mieux saisir notre monde. «Nous sommes partis du principe qu'une planète durable ne pouvait exister sans une meilleure compréhension des autres cultures, explique Kyle Ruddick, joint à Los Angeles plus tôt cette semaine. Or, cette conscience globale ne peut naître que d'une communication globale. Avec un peu de chance, One Day on Earth nous donnera une nouvelle perspective sur notre époque.»

En quoi l'affaire sera-t-elle différente des reportages internationaux que l'on voit régulièrement au téléjournal? Eh bien, justement, en ce que ce sont des citoyens ordinaires qui présenteront leur vision du monde, et non des journalistes dans l'exercice de leurs fonctions. Loin des conférences de presse, des événements politiques et des analyses économiques, ces capsules montreront la vie dans ce qu'elle a de plus concret, avec ses joies, ses peines, ses tragédies, ses luttes, ses rituels et toutes ces petites choses qui nous définissent culturellement.

«On ne dira pas aux gens quoi tourner, souligne Kyle Ruddick. Vous pouvez filmer votre animal de compagnie si vous voulez. Mais on espère que les participants en profiteront pour faire quelque chose de significatif. Ça pourrait être un mariage, des mamans qui viennent d'accoucher, une vue de la terre à partir d'une montgolfière ou simplement des choses que l'on souhaiterait changer autour de soi. Un regard sur notre époque, quoi.»

Un trip pour techno-hippies idéalistes, One Day on Earth? Pas si sûr. Si l'idée est née dans le cerveau de quelques artistes, elle a fini par prendre d'énormes et de très sérieuses proportions. ONG, groupes altermondialistes et réseaux collégiaux et universitaires ont fini par s'associer au projet. Puis l'ONU est entrée dans la danse en avril dernier, afin d'offrir son expertise et son bras international. «Ce fut un tournant» admet Ruddick. Ce partenariat inattendu a non seulement donné un coup de pouce à l'événement, mais il permettra de rejoindre des vidéastes dans les parties les plus reculées de la planète. L'ONU se chargera d'acheminer les films à destination, dans les régions où les bandes passantes sont insuffisantes ou inexistantes.

De gros efforts ont été déployés pour trouver des participants de partout au monde. Au moment de l'entrevue, 9390 personnes originaires d'aussi loin que Guam et que l'Érythrée s'étaient inscrites au projet. Les candidatures sont toujours admises - même après ladite journée - et il n'est pas nécessaire d'être un professionnel de l'image pour contribuer. Qu'on ait une caméra HD de compétition ou un simple téléphone cellulaire, toutes les propositions sont les bienvenues. Mais les films doivent avoir été tournés le 10 et ne pas excéder un poids de 500 Mo. Les participants auront un mois pour faire parvenir leur capsule au site de One Day on Earth. Les meilleures oeuvres se retrouveront éventuellement dans un long métrage qui sera la «figure de proue» de l'événement.

Ah oui. Et pourquoi le 10/10/10? «Aucune raison particulière, répond Ruddick. Mais c'est une date qui me semblait facile à retenir.»

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En savoir plus: www.onedayonearth.org