The Hunger Games est la franchise qui, en termes d’attente et de popularité, devrait succéder à Harry Potter et à Twilight. Mais la comparaison s’arrête là.

Inspiré du premier tome de la trilogie de Suzanne Collins, dont il s’est déjà vendu quelque 30 millions d’exemplaires, le film signé Gary Ross met en scène des jeunes qui n’ont pas de pouvoirs surnaturels et ne se meurent pas d’amour. Ils meurent, tout simplement. Aux mains d’autres jeunes. Sous l’oeil des caméras. Bienvenue dans l’arène où se déroule une saga dure, sombre et riche dans laquelle il est question de manipulation, d’abus politique, d’injustice sociale, de trahison, mais aussi, de courage, d’amitié et de loyauté.

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La romancière Suzanne Collins a toujours été fascinée par le mythe de Thésée, où les détenteurs du pouvoir sacrifient de jeunes gens en les envoyant dans le labyrinthe hanté par le Minotaure. Et puis, auteure de télévision, elle aime bien « zapper » d’une chaîne à l’autre, une téléréalité succédant à la couverture de conflits armés pour former un « motif »... qui l’a inspirée. Ainsi est né Hunger Games, son roman publié en 2008, suivi par L’embrasement et La révolte. Une trilogie qui suit le destin de Katniss, que le réalisateur Gary Ross (Pleasantville, Seabiscuit) décrit comme « une Jeanne d’Arc du futur ».

Un futur pas très éloigné, mais où la civilisation telle que nous la connaissons n’existe plus. Sur ce qui était autrefois l’Amérique du Nord a été bâti Panem. Un pays divisé en 12 districts sur lesquels règne le Capitole dirigé par le président Snow. Chacun des districts a sa spécialité. L’agriculture, la pêche, les usines, les mines, etc. Le tout, enrichissant la population décadente du Capitole. Il y a eu révolte. Guerre. Défaite des districts.


C’est pour mater les esprits rebelles que le gouvernement organise annuellement, depuis 74 ans, les Hunger Games – qui sont filmés et retransmis dans tous les foyers. Deux jeunes âgés de 12 à 18 ans sont ainsi choisis au hasard dans chaque district. Katniss vit dans le Douze. Elle a 16 ans. Et quand le nom de sa petite soeur Prim est pigé, elle se lève et se porte volontaire à sa place. Elle devient donc l’un des « tributs ». Avec les 23 autres « élus », elle va être conduite au Capitole, entraînée, vêtue, chouchoutée, présentée à la population. Puis, abandonnée dans un vaste territoire où elle va devoir affronter les autres.
À mort.

Les jeux se terminent quand il ne reste qu’un survivant.

Ainsi commence un récit puissant et sombre. Riche en émotions et en suspense, mais aussi en thèmes politiques et sociaux. « Suzanne Collins est fille de militaire, note la productrice Nina Jacobson. Elle a vu des choses au cours de sa jeunesse, des choses dont elle veut que les jeunes soient au courant. » La romancière les a transposées dans ces livres formidables qui ont marqué au fer rouge des millions de jeunes et d’adultes. Gary Ross est l’un d’eux. « Je voulais ce job de réalisateur, indiquait-il lors de rencontres de presse tenues à Los Angeles. Mais j’ai tellement aimé le livre que je le voulais à mes conditions. J’ai donc fait un court film dans lequel je présentais ma vision du long métrage. »

Et sa vision est celle de Katniss : il désirait que le long métrage soit présenté du point de vue de l’héroïne, donc de façon très subjective. « On ne sait que ce qu’elle sait, on découvre ce qu’elle découvre en même temps qu’elle. Pour ça, je devais opter pour une réalisation moins « lustrée » que celle des autres franchises du genre, une réalisation plus proche du cinéma vérité, plus brute », explique-t-il. Pas question, à son sens, de polir et d’enrober : « À la seconde où nous ferions cela, nous ferions le jeu du Capitole et nous irions à l’encontre même du thème de l’histoire. Nous ferions du spectacle au lieu de témoigner du spectacle. Nous manipulerions », croit Gary Ross qui, pour cette raison, a fait une croix sur le 3D.
Il a si bien défendu son approche qu’il a obtenu carte blanche des producteurs et est attaché au second volet de la trilogie (dont le tournage commencera à l’automne). Bref, il a réalisé le film qu’il voulait réaliser. Un film où la violence est présente, mais « souvent, en périphérie, sans voyeurisme : on voit ce que Katniss voit »; et dont il a écrit le scénario avec la collaboration de Suzanne Collins. Ensemble, ils ont « oubli? le page à page du livre pour être fidèle à son essence, à ses messages – « C’est une allégorie qui parle d’une société centrée sur les médias et dont le divertissement est utilisé comme outil de contrôle politique » - et aux personnages qui le meublent.

The Hunger Games (Hunger Games: le film) prend l’affiche le 23 mars

Les frais de voyage ont été payés par Alliance Vivafilm